Céline BERCION - Dr en Psychologie sociale et systémique
Psychothérapie
Thérapie de couple - Sexothérapie 
Initiatrice des grandes traversées de vie

Psychothérapie, thérapie de couple, sexothérapie et éveil de conscience

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Céline BERCION - Dr en Psychologie sociale et systémique
Psychothérapie
Thérapie de couple - Sexothérapie 
Initiatrice des grandes traversées de vie

Pourquoi on désire encore son ex après un divorce : comprendre le deuil amoureux


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Ce n’est pas fini… même quand c’est fini

Tu as quitté cette personne. Ou tu as été quitté·e.
Les messages ont cessé. Les regards aussi.
Et pourtant… quelque chose en toi continue de vibrer.
Tu rêves encore de l’autre. Tu ressens une tension dans le corps. Un besoin d’être touché·e. Une envie de revenir.
Parfois même un désir sexuel plus fort qu’avant.

"Pourquoi je ressens encore ça ? Alors que c’est terminé ?"

Ce paradoxe intime (désirer encore celui ou celle qu’on a quitté·e) est au cœur de ce que les psychologues appellent le deuil amoureux.

Ce qu'il est important de souligner, c'est qu'il ne s'agit pas simplement de tristesse, ni d'une dépendance affective. Il s'agit d’un processus profond, complexe et souvent méconnu, qui mêle pulsion de vie, mémoire corporelle et inconscient relationnel.

Dans cet article, je vous invite à explorer cette question brûlante à travers le prisme de la psychologie sociale, systémique et clinique.

Voici quelques éléments majeurs sur le deuil amoureux et la charge érotique qui s'y joue lors d'un divorce que je vous propose de visiter  :

  • pourquoi le désir ne disparaît pas avec la rupture, voire même s'amplifie au moment de la séparation ? 

  • en quoi ce phénomène est normal, mais potentiellement piégeant ?

  • et comment le traverser pour en faire une expérience de transformation ?

Car la fin d’un lien conjugal, ce n’est pas juste la fin d’une relation. C’est la mort d’un monde symbolique, un ébranlement de sa propre identité.
Et c’est précisément dans cet espace que le désir post-rupture vient s’infiltrer, à la fois comme symptôme et comme tentative de réappropriation de soi.

I. La mort du lien conjugal est une crise identitaire

ll ne s’agit pas juste d’un "chagrin d’amour". Il ne s’agit pas non plus d’un simple "temps d’adaptation".

La rupture conjugale est une déflagration identitaire. Et pour beaucoup de femmes et d’hommes que j’accompagne, la séparation / le divorce est une forme de mort symbolique, qui désorganise non seulement leur vie quotidienne, mais aussi leur rapport à eux-mêmes.

Dans mes accompagnements, il n'est pas rare d'entendre ce type de phrase tout-à-fait symptomatique : "je ne sais plus qui je suis sans lui" ou encore "j’ai perdu mes repères.". 

Ce que dit la psychologie sociale et systémique

Dans une relation de couple, notre identité se construit dans le lien. Nous adaptons nos rôles, nos routines, nos récits intérieurs, au "Nous" que nous avons co-construit.

Or, comme le souligne la psychologue clinicienne Marie-Frédérique Bacqué (2001), "le deuil engage une réorganisation du monde intérieur, mais aussi du monde social." 

 

Le lien conjugal n’est donc pas qu’émotionnel : il est aussi structurant, narratif, symbolique.

 

Et lorsqu’il se rompt, c’est tout l’équilibre qui vacille. La psychologue québécoise Monique Séguin, dans ses recherches sur les impacts identitaires de la perte, insiste d'ailleurs sur ce point : "le deuil amoureux engage un processus de redéfinition de soi dans un monde où l’autre n’est plus."

Et ce n’est pas un processus linéaire

La rupture déclenche ce que Michel Hanus, psychiatre français spécialisé dans les deuils complexes, appelle une "désorganisation narcissique."
Tout ce que nous avions projeté sur ce lien (avenir, valeur personnelle, sentiment d’appartenance, sexualité notamment) est mis à nu.

Selon lui, le deuil amoureux traverse plusieurs stades, souvent non linéaires :

  1. Choc et sidération

  2. Désorganisation

  3. Réaction émotionnelle (colère, tristesse, désir)

  4. Acceptation

  5. Réinvestissement narcissique

Nota : le désir que l’on ressent post-rupture peut apparaître à n’importe quel stade.
Il peut être un réflexe contre l’effondrement, un besoin de revivre ce qui donnait sens à notre identité.

 

L'exemple de Julie est d'ailleurs très parlant 

Julie, 39 ans, a quitté son compagnon après 8 ans de vie commune. Elle se sentait vide, éteinte, absente d’elle-même depuis longtemps. Pourtant, trois semaines après la séparation, elle commence à rêver de lui toutes les nuits. Elle se met à ressentir une excitation soudaine en entendant sa voix dans un vocal. Elle évoque en séance à quel point elle est bouleversée par ce retour du désir : "Comment je peux encore le vouloir ?"

Ce que traverse Julie, c’est le retour de l’empreinte érotique dans un système identitaire effondré.
Autrement dit, son inconscient tente de réactiver ce qui la reliait à elle-même, dans une tentative de survie psychique.

 

Pour nous résumer : 

  • Le lien conjugal est une matrice identitaire,

  • Sa rupture provoque un vide symbolique et narcissique,

  • Le désir post-rupture peut surgir comme un mécanisme compensatoire, un "je veux encore être celle/celui que j’étais avec lui/elle."

  • Et tant que le travail symbolique du deuil n’est pas accompli, le désir revient, non pas comme élan de vie, mais comme fantôme du lien.

II. Pourquoi désire-t-on encore l’autre après la rupture ?

À ce stade, une question persiste : si la rupture est actée, pourquoi le désir subsiste-t-il, voire s’intensifie-t-il ?
Pourquoi ce corps qui avait cessé de frémir se met-il soudain à réclamer ce contact perdu ?
Et pourquoi ce fantasme, ce souvenir, ce regard, nous hante-t-il parfois encore plus après la séparation qu’avant ?

Pour le comprendre, il faut aller plus loin que le champ de la psychologie relationnelle : il est nécessaire  d'explorer les mécanismes du manque, les processus neurochimiques ainsi que les empreintes corporelles du lien.

 

D’un point de vue biologique : le désir résiste à la logique

Selon les travaux de la biologiste Helen Fisher, le système de l’amour romantique active les mêmes circuits cérébraux que la dépendance à la cocaïne. Lorsqu’un lien amoureux se rompt, ces circuits ne s’arrêtent pas sur commande : ils continuent de produire du manque, du craving, du désir.

C’est pourquoi, dans les semaines ou mois qui suivent une rupture, il n’est pas rare de ressentir :

  • une montée du désir sexuel,

  • des souvenirs érotiques insistants,

  • une recherche compulsive de l’image ou de la voix de l’autre.

D’un point de vue neuro-affectif, la séparation provoque un sevrage.
Et ce sevrage active paradoxalement le désir, comme une tentative de restaurer la récompense perdue.

 

Du côté des affects : la limerence, cette obsession douce-amère

C'est la psychologue américaine Dorothy Tennov qui a été l’une des premières à théoriser ce qu’elle appelle la limerence :

"Un état émotionnel intense, marqué par une obsession pour l’autre, une idéalisation extrême, un désir sexuel et affectif fusionnel, et une hypersensibilité au moindre signe."

A ce sujet, ce que Tennov décrit dans Love and Limerence (1979) est particulièrement frappant après une rupture : non seulement la limerence ne meurt pas avec la fin du lien, mais surtout elle peut même être renforcée par l’interdiction, l’absence et l’impossibilité du retour.

Autrement dit, plus on nous retire l’accès au lien, plus notre cerveau produit du désir. C'est une forme d’érotisation du manque. Elle peut même devenir tyrannique si elle n’est pas reconnue et contenue.

Du côté du corps : le souvenir érotique ne s’efface pas

En thérapie, ce point est fondamental : le corps garde la mémoire du lien. Même lorsque la relation est mentalement "terminée", le corps, lui, n’a pas encore véritablement lâché l'affaire. Même lorsqu'il n'y avait plus de sexualité active depuis des mois voire des années. 

Les caresses, l’odeur de l’autre, le rythme respiratoire commun, les gestes inconscients…
Tout cela a laissé une trace sensorielle profonde dans le système nerveux.
C’est ce que les chercheurs en psychologie somatique nomment des "empreintes sensorielles implicites".

Ainsi, une cliente me disait récemment :

"Je ne l’aime plus. Mais dès que je porte ce pull qu’il m’avait offert, j’ai l’impression qu’il est là. Mon ventre se serre, mon sexe réagit, c’est plus fort que moi".

Ces mémoires corporelles du lien sont souvent le dernier bastion du désir.
Et tant qu’elles ne sont pas intégrées - ni symboliquement, ni somatiquement - le désir reste en embuscade, prêt à surgir à la moindre activation.

 

Pour nous résumer

  • Le désir post-rupture n’est pas un signe que l’amour persiste : c’est souvent un effet du manque, de l’interdit et du sevrage neuro-affectif.

  • Le corps garde la mémoire de l’autre. Il faut un travail de symbolisation et d’incarnation pour dissoudre ces empreintes.

  • La limerence, si elle est ignorée, peut piéger le processus de deuil dans une obsession érotique qui nous empêche d’avancer.

  • Mais lorsqu’elle est reconnue, traversée et accompagnée, cette tension peut devenir une porte d’accès vers la libération du lien et une reconnexion à soi.

III. La charge érotique du deuil amoureux

Si le deuil amoureux bouleverse notre identité, il chamboule tout autant notre rapport au désir. Et ce paradoxe mérite qu’on s’y attarde : alors même que l’amour est fini, le désir s’intensifie.
Mais alors comment expliquer cette montée de tension érotique dans un moment de rupture ?
Et pourquoi certaines personnes vivent ce désir comme un feu qui consume, quand d’autres le ressentent à peine ?

Pour le comprendre, il est essentiel d’examiner ce que la psychanalyse, la philosophie et la recherche clinique ont à dire de la charge érotique contenue dans le deuil.

 

Le désir comme résidu du lien : une pulsion qui refuse de mourir

Dès les premiers écrits sur le deuil, Freud évoquait déjà que la libido, lorsqu’elle ne peut plus être investie sur l’objet perdu, se retourne vers le moi ou cherche un autre objet.
Mais il arrive qu’elle reste suspendue, non réinvestie, comme si elle attendait encore que le lien revienne.

Ainsi, le désir sexuel post-rupture n’est pas une anomalie. C’est en fait la part vivante de la relation qui résiste à sa disparition. Comme l’exprime la philosophe Anne Dufourmantelle dans En cas d’amour (2009) :

"L’amour ne meurt pas tout entier. Il laisse un résidu incandescent, qui devient désir. "

Autrement dit, ce désir post-séparation n’est pas la preuve qu’on aime encore, mais le signal que le travail de deuil est encore inachevé.

 

La sublimation impossible : quand l’érotisme reste bloqué

En temps normal, lorsque le deuil suit son cours, le sujet finit par sublimer l’énergie érotique investie dans la relation.
Mais lorsque la séparation est brutale, ambivalente ou non digérée, cette énergie reste piégée dans le corps, sans destination. C’est pourquoi on observe souvent :

  • des rêves érotiques récurrents avec l’ex,

  • une excitation sans objet,

  • une masturbation centrée uniquement sur l’ancienne relation,

  • ou encore des comportements compulsifs (regarder ses photos, fouiller ses réseaux, etc.).

D’un point de vue clinique, cela indique que l’économie pulsionnelle est figée : le sujet n’a pas encore pu réaffecter son énergie sexuelle ailleurs, ni en lui-même, ni vers un autre objet.

Ce que disent les travaux cliniques récents

Les chercheurs québécois Vaillancourt-Morel, Bergeron, Lussier et Brassard ont montré, à travers plusieurs études longitudinales (2016, 2019), que le désir sexuel post-rupture était corrélé à 3 principaux facteurs :

  1. L’intensité émotionnelle de la rupture

  2. La durée de la relation et sa charge symbolique

  3. La capacité de régulation émotionnelle du sujet

Ces études soulignent également que les personnes ayant une histoire d’attachement insécure (notamment anxieuse ou désorganisée) sont plus susceptibles de vivre un désir intense, obsessionnel, voire douloureux après la rupture.

Autrement dit, le désir post-séparation n’est pas qu’un réflexe du corps : il est aussi une tentative de maintenir l’autre en soi, par le biais du fantasme et de l’érotisation du manque.

 

L’érotisation du deuil : un mécanisme psychique profond

Comme l’a magistralement écrit Roland Barthes dans Fragments d’un discours amoureux (1977) :

 

"Je désire, non pas l’autre, mais ce que j’étais quand l’autre me désirait."

 

Cette phrase résume à elle seule le mécanisme au cœur du deuil érotique : ce n’est pas toujours l’autre qu’on désire, mais l’état d’être désiré·e, vivant·e, vibrant·e. Ce que l’on tente de raviver, c’est la confirmation d’exister dans le regard et le toucher de l’autre.

Ainsi, le désir sexuel post-rupture est souvent un appel à restaurer une image narcissique blessée, une quête pour redevenir "désirable", dans un moment où l’on se sent vide, rejeté·e ou encore abandonné·e.

Dans mon cabinet, je rencontre souvent des femmes et des hommes qui racontent :

"Je ne veux pas retourner avec lui/elle… mais j’ai envie de lui/elle. On recouche ensemble de temps en temps et c'est encore pire après. Je me sens misérable d'avoir cédé. "

Ce à quoi je réponds par le fait que ce désir n’a pas à être jugé. Il a, au contraire, besoin d’être accueilli, écouté, décodé en séance. Car le désir post-divorce est souvent le dernier langage du lien, avant sa dissolution complète.

 

Pour nous résumer : 

  • Le désir post-rupture est un phénomène courant, légitime et souvent incompris.

  • Il signale que le processus de deuil est encore en cours, parfois bloqué dans sa phase libidinale.

  • Le travail thérapeutique consiste à déplier ce désir, à le comprendre et à l’intégrer symboliquement pour qu’il cesse de parasiter le présent.

  • Il peut alors devenir un moteur de réappropriation de soi et non une boucle de souffrance.

IV. Quand le désir bloque le deuil : les pièges à déjouer

Jusqu’ici, nous avons vu que le désir post-rupture pouvait être une manifestation naturelle du deuil amoureux, parfois même un passage obligé. Mais alors, à quel moment devient-il un obstacle ? Et surtout, quels sont les signes que ce désir, loin d’être libérateur, nous enferme ?

Comprendre cela est crucial. Car ce n’est pas tant le désir qui pose problème, mais la manière dont il est utilisé pour éviter la traversée du vide.

 

1. Le désir de l'autre post rupture comme refus inconscient de la perte

Tout d’abord, il est essentiel de rappeler que dans tout deuil, il y a un moment de désespoir, d’effondrement, de vide. Or, chez certains profils, le désir érotique revient précisément pour éviter cette plongée abyssale.

C’est ce que le psychanalyste Didier Lauru nomme "le déni du manque par l’hypersexualisation du souvenir" (La sexualité masculine, 2010). Ce que nous signifie D. Lauru, c'est qu'en continuant de désirer l’autre, on s’épargne de vraiment le perdre.
Le fantasme devient ainsi une zone tampon : on ne souffre pas, puisqu’on jouit. Mais cette jouissance n’est pas libératrice : elle fige.

Voilà pourquoi certaines personnes restent des mois, voire des années, à se masturber exclusivement en pensant à l’ex, à consulter compulsivement ses photos ou à se remettre en couple sans jamais vraiment investir le nouveau lien.
Le désir agit ici comme un antidépresseur puissant, mais aussi comme un bloqueur de transformation.

 

2. Les profils psychologiques les plus à risque

Ensuite, il faut souligner que certaines personnes sont plus vulnérables à cette impasse. Notamment celles qui présentent :

  • un attachement anxieux, avec une peur intense de l’abandon (Persiaux, 2017),

  • un fonctionnement borderline, où la confusion entre désir et angoisse de perte est fréquente,

  • un traumatisme antérieur non résolu, notamment en lien avec la trahison ou la honte corporelle (suite à un viol par exemple).

Chez ces profils, le désir post-rupture devient le dernier fil qui les relie à un sentiment de valeur personnelle.
Couper ce lien, c’est courir le risque de ressentir à nouveau l’insupportable : l’abandon originel, le rejet primal, le vide de sens.

Mais j'ai justement envie de dire : c’est là que commence le vrai travail de deuil.

3. Les outils thérapeutiques pour traverser ce piège

Heureusement, plusieurs approches permettent d’accompagner cette charge érotique bloquée de manière respectueuse et puissante. Au-delà des plus classiques, voici également celles que j'aime utiliser (suivant les besoins, cela va sans dire) : 

Premièrement, la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), en aidant le sujet à reconnaître ses impulsions sans y céder mécaniquement, offre une voie de régulation corporelle. Le travail porte sur la différence entre "ce que je ressens" et "ce que je choisis d’en faire".

Deuxièmement, les pratiques de respiration holotropique et de libération psycho-émotionnelle permettent souvent de faire émerger ce désir comme une mémoire du manque et de l’honorer sans le rejouer dans le corps.

Troisièmement, les approches symboliques et transpersonnelles (des rituels comme la rédaction d’une lettre érotique non envoyée ou la mise en scène rituelle de la séparation charnelle) offrent un cadre puissant pour désactiver les boucles pulsionnelles figées.

C'est le cas de Thomas, 47 ans, séparé depuis un an, qui vient me voir pour une baisse de libido avec ses nouvelles partenaires. Lors de nos échanges, il évoque le fait de ne pas comprendre pourquoi il a ressenti une excitation intense à la simple idée que son ex le recontacte. Il se masturbe toujours en pensant à elle : "je sais que c’est terminé, que notre relation est finie au regard de toutes mes souffrances avec elle, mais je veux qu’elle me veuille encore." 

Dans ce cas, le désir est devenu un totem narcissique. Il ne parle plus de l’autre, mais du besoin de réparation symbolique.
Et tant qu’il n’est pas symbolisé, ce désir fait écran au renouveau du lien (à soi bien sûr, mais également aux autres).

 

Pour nous résumer : 

  • Le désir post-rupture peut, dans certains cas, empêcher le deuil de s’achever,

  • Il est parfois utilisé comme stratégie inconsciente d’évitement du vide,

  • Les profils les plus vulnérables sont souvent ceux porteurs d’attachements insécurisés, de traumatismes anciens ou de fragilités narcissiques,

  • Des outils existent pour accueillir, contenir et transformer ce désir sans le réprimer. Ouf ! 

V. De la fixation au désir à la libération du lien : une mue identitaire

Après avoir exploré les multiples facettes du désir post-rupture, une question essentielle demeure encore : comment s’en libérer sans le réprimer ? Comment quitter ce lien érotico-nostalgique sans trahir ce qu’il nous a donné ? Et, bien sûr, comment redevenir pleinement soi, dans un corps et une psyché encore marqués par cette empreinte ancienne ?

C’est ici que s’ouvre la voie du travail thérapeutique en profondeur : non pas pour "oublier", mais pour intégrer.

 

D’abord, reconnaître ce qui a été activé

Le désir post-rupture est souvent l’indice qu’un archétype a été touché : celui de l’union, de la fusion, ou même du mythe du salut par l’amour. Comme l’écrit John Welwood, psychologue transpersonnel, dans Love and Awakening : "dans l’amour, ce que nous cherchons le plus souvent, ce n’est pas tant l’autre… mais la part de nous que nous avons perdue, et que l’autre semble refléter. »

Ainsi, le désir n’est pas forcément un appel à revenir dans le lien, mais plutôt une invitation à rencontrer une part de soi que le lien avait révélée.

 

Ensuite, restaurer le lien à soi-même

Cette étape est souvent la plus difficile : elle implique de reprendre possession de sa sensualité, de sa puissance, de son souffle, sans avoir besoin que l’autre y donne accès.

Cela passe, très concrètement, par :

  • la reconnexion au corps désirant, non pas tourné vers l’autre, mais habité de l’intérieur,

  • des pratiques de respiration consciente, de mouvement libre, de danse intuitive, qui permettent de laisser circuler ce qui est resté figé en soi, 

  • un travail sur la réhabilitation du plaisir solitaire, non comme palliatif, mais comme rite de réappropriation symbolique.

Comme l’exprime Esther Perel : "le désir ne naît pas dans la fusion, mais dans l’altérité. Il a besoin d’un espace entre soi et l’autre. Parfois, ce que l’on retrouve après la rupture, c’est l’espace de soi."

 

Puis, transmuter la charge érotique en énergie créative

Pour parler de façon prosaïque, il ne s’agit pas de "tuer" le désir, mais de le transmuter. La charge érotique laissée par l’ex-partenaire peut alors devenir :

  • une force créatrice,

  • une impulsion de transformation,

  • un feu sacré à rediriger vers un projet, un soin, un art, un engagement.

Ce que Carl Gustav Jung appelait la "sublimation libidinale" devient ici un acte d’alchimie intérieure. Et ce passage, lorsque il est guidé avec respect et conscience, marque la fin du deuil érotique et la renaissance du sujet.

 

Pour nous résumer : 

  • La fin du désir post-rupture n’est pas une coupure, mais une transmutation,

  • Il ne s’agit pas d’oublier, mais de redevenir l’origine du désir,

  • Ce travail se fait à travers le corps, le souffle, le symbole et l’ancrage,

  • Il ouvre la voie à un nouveau rapport à soi : libre, mature, érotique et conscient.

VI. Test introspectif : Où en es-tu dans ton deuil amoureux ?

Avant d’aller plus loin, je vous invite à prendre prends quelques instants pour répondre à ce test introspectif. Il vous aidera à discerner si ce désir persistant est le signe d’un deuil amoureux non achevé, d’une fixation érotique ou d’un appel plus profond de votre inconscient.

Faites le test : où en êtes-vous dans votre deuil amoureux… et que cherche votre désir à vous dire ?

  1. Est-ce que tu penses encore à ton ex pendant la masturbation ?

  2. Est-ce que tu évites les lieux ou musiques qui vous rappellent des moments charnels ?

  3. Ressens-tu parfois un mélange de désir et de colère quand tu penses à ton ex ?

  4. As-tu déjà eu envie de le·la recontacter uniquement pour "coucher une dernière fois" ?

  5. Te surprends-tu à comparer chaque nouveau·elle partenaire à ton ex sur le plan sexuel ?

  6. Est-ce que ton corps s’anime uniquement à l’idée de revoir ton ex (et pas pour d’autres) ?

  7. As-tu du mal à imaginer faire l’amour sans ce lien-là ?

  8. Ressens-tu une forme de honte ou de culpabilité à avoir encore envie de lui·elle ?

  9. As-tu déjà résisté à entamer un nouveau lien "par fidélité corporelle" à l’ancien ?

  10. Est-ce que tu sens que ton désir est resté "bloqué" dans le passé ?

 

Une majorité de "oui" peut signaler une charge érotique encore active.

 

Et maintenant, que faire de ce que vous venez de lire ?

Si vous vous êtes reconnu·e dans ces lignes, alors peut-être que votre corps vous indique que le lien n’est pas encore digéré. Ce n’est pas une faiblesse. C’est un appel intérieur à vous libérer pleinement, en réintégrant tout ce que ce lien a touché en vous.

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FAQ – Deuil amoureux et désir post-rupture

1. Pourquoi je désire encore mon ex après une rupture ?

Parce que le désir n’est pas rationnel. Il survit parfois à la relation elle-même. Il peut signaler un manque d'intégration émotionnelle, une mémoire corporelle ou une tentative inconsciente de ne pas lâcher le lien.

2. Est-ce que c’est normal d’avoir encore envie sexuellement de mon ex ?

Oui, c’est un phénomène connu en psychothérapie. Le corps garde des traces érotiques, surtout si le lien a été intense ou ambivalent. Ce n’est pas une régression, mais une partie du travail de deuil.

3. Combien de temps dure le deuil amoureux ?

Il n’y a pas de norme. Cela dépend de l’histoire, de l’intensité du lien, de la manière dont s’est faite la rupture, et du passé affectif de chacun. On parle parfois de 6 mois à 2 ans, mais le deuil peut être plus long s’il n’est pas soutenu ou symbolisé.

4. Peut-on guérir sans oublier ?

Absolument. Le but du deuil amoureux n’est pas l’oubli, mais l’intégration. C’est redevenir sujet dans une histoire dont on n’est plus l’objet.

5. Pourquoi je me sens excité·e quand je pense à mon ex mais vide avec d’autres ?

Parce que l’ex portait une charge symbolique unique. Tant que cette énergie n’est pas retransformée, le désir reste figé sur ce miroir. Le travail thérapeutique permet de le fluidifier.

6. Je suis en couple mais je pense encore sexuellement à mon ex, est-ce grave ?

Ce n’est pas “grave” mais c’est un signal. Cela peut indiquer que le deuil n’est pas terminé, ou que le nouveau lien n’est pas encore investi pleinement. Explorer cette ambivalence est essentiel.

7. Comment arrêter de fantasmer sur mon ex ?

Ce n’est pas en luttant que cela se fait. C’est en comprenant ce que ce fantasme veut te dire, quelle part de toi il cherche à réveiller. Une approche symbolique, corporelle et narrative peut t’y aider.

8. Le désir empêche-t-il de tourner la page ?

Pas forcément. Il peut aussi être un pont vers la reconquête de soi. Mais s’il est obsessionnel, douloureux ou bloque l’ouverture à d’autres liens, alors il mérite d’être accompagné.

9. Quels sont les signes que je suis encore lié·e à mon ex par le corps ?

Rêves érotiques récurrents, excitation sans objet, masturbation uniquement centrée sur l’ex, comparaisons incessantes. Tout cela indique une fixation érotique non libérée.

10. Comment savoir si j’ai terminé mon deuil amoureux ?

Tu te sens en paix. Tu peux penser à cette personne sans douleur, sans fixation, sans tension. Et surtout : tu peux à nouveau désirer, aimer, créer… depuis toi.

Conclusion

Ce que révèle le désir post-rupture

Nous avons vu que le désir persistant pour une personne quittée n’est pas un simple résidu émotionnel ou sexuel.
Bien au contraire, il s’inscrit dans un processus complexe de deuil amoureux, souvent inachevé, là où le corps continue de parler malgré la rupture consciente.
Comme pous venons de la voir, le désir post-rupture peut être nourri à différents niveaux : par la limerence, les traces mnésiques sensorielles, un attachement insécure ou une identification non encore dénouée.

Ce désir est à donc à comprendre non comme une régression, mais comme un symptôme révélateur d’un lien encore actif à l’intérieur de soi.

 

Du symptôme à l’opportunité de transformation

Plutôt que de chercher à faire taire ce désir ou à le rationaliser, l’invitation est d’en faire un levier de transformation intérieure.
En le déchiffrant, on peut :

  • identifier ce que l'on projetait dans cette relation,

  • comprendre les dynamiques d’attachement à l’œuvre,

  • et libérer le corps de ses fixations érotiques inconscientes.

Ce travail thérapeutique, à la croisée du psychisme, du corps et du lien, est en fait un passage essentiel pour refermer en conscience le cycle amoureux et retrouver son intégrité affective et sexuelle.

 

Et maintenant, quoi faire de ce désir ?

Peut-être êtes-vous à un carrefour : 

  • Soit tu continues à être tiré·e en arrière par un lien que ton esprit a rompu mais que ton corps retient,
  • Soit tu entres dans un processus de réappropriation où ce désir devient un guide vers ta propre complétude.

Dans mes accompagnements, je t’aide à traduire ce que ton désir veut te dire, à faire la paix avec le passé et à faire de ce dernier frisson un acte de renaissance.

 

Et toi… tu choisis quoi maintenant ?

Continuer à fantasmer celle ou celui que tu as quitté·e / qui t'as quitté.e… Ou enfin écouter ce que ce désir cherche à révéler de toi ?

Tu peux rester coincé·e dans l’entre-deux ou faire de cette tension une véritable porte vers toi-même.

Je t’invite à traverser. À transformer. À te réapproprier ton désir.

Pour ce faire, je t'invite à rejoindre l’un de mes deux parcours thérapeutiques pour aller plus loin :

  • Les consultations classiques (45 minutes)

Un espace ciblé, en solo ou en couple, pour faire le point, poser vos questions, explorer ce qui bloque.
Idéal pour amorcer un changement ou ouvrir un processus.

Réserve une séance de 45 min ou vivez une séance de 2h dans l’un des deux parcours que je te propose pour aller explorer, libérer, transmuter.
Contact direct : https://www.neosoi.fr/contact-neosoi-pessac

Bibliographie

  • Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) : plusieurs mémoires et thèses en ligne sur le deuil amoureux.

  • Bowlby, J. (1969). Attachement et perte. Paris : Presses Universitaires de France.
  • Cyrulnik, B. (2012). Sauve-toi, la vie t’appelle. Paris : Odile Jacob.

  • Christophe Pillot, Le deuil amoureux : ruptures, séparations, divorces (Odile Jacob, 2017)
    Un ouvrage essentiel pour comprendre les étapes du deuil conjugal, avec des repères psychologiques concrets.

  • Dorothy Tennov, Love and Limerence (1979)
    Une référence incontournable sur l’état d’obsession amoureuse après une rupture.

  • Helen Fisher, Pourquoi nous aimons ? (Les liens qui libèrent, trad. fr. 2006)
    Une exploration neurobiologique du désir et de l’attachement amoureux.

  • Roy Baumeister, La plasticité érotique (article scientifique, 2000)
    Théorie sur les différences de désir post-séparation selon le genre.

  • Susan Nolen-Hoeksema, Les effets de la rumination émotionnelle chez les femmes après une rupture (1991)
    Des recherches éclairantes sur les processus mentaux qui maintiennent le désir ou le prolongent.

  • C. Hazan & P. Shaver, L’amour comme processus d’attachement (1987)
    Une base essentielle pour comprendre les réactivations émotionnelles post-rupture.

  • D. W. Winnicott, La nature humaine (Gallimard, 1990)
    Sur les objets internes et le rôle de l’attachement dans la construction du désir.

  • Persiaux, G. (2022). La dépendance affective, une stratégie de survie. Paris : Éditions Eyrolles.

  • Prieur, N. (2014). Ces séparations qui nous font grandir. Paris : Robert Laffont.

  • Tennov, D. (1979). Love and Limerence: The Experience of Being in Love. New York : Scarborough House.

NeoSoi - Dr Céline BERCION - psychologue sociale et systémique, thérapie de couple et sexothérapie - Bordeaux et visio

36 Avenue Roger Cohé
33600 Pessac
France

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