Céline BERCION - Dr en Psychologie sociale et systémique
Psychothérapie
Thérapie de couple - Sexothérapie 
Initiatrice des grandes traversées de vie

Psychothérapie, thérapie de couple, sexothérapie et éveil de conscience

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Céline BERCION - Dr en Psychologie sociale et systémique
Psychothérapie
Thérapie de couple - Sexothérapie 
Initiatrice des grandes traversées de vie

Pegging et plaisir masculin : dépasser les tabous, éveiller la conscience sensuelle


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Pegging : au-delà du fantasme, une expérience de transformation

Longtemps marginalisé, parfois réduit à une simple "inversion de rôles" dans l’imaginaire érotique, le pegging (pratique où une femme pénètre son partenaire masculin avec un harnais-ceinture ou un strap-on) connaît aujourd’hui un regain d’intérêt, porté par des couples en quête d’intensité, de complicité et de réinvention.

En fait, si le sujet fascine autant qu’il dérange, c’est qu’il touche à plusieurs dimensions intimes et sociales : le corps, le désir, le pouvoir, la vulnérabilité. Il interroge la manière dont nous avons été conditionnés à associer la pénétration au masculin et la réceptivité au féminin. Et il offre un terrain d’exploration où les scripts sexuels traditionnels peuvent être véritablement réécrits.

Sur le plan sexologique, les bénéfices potentiels sont nombreux : stimulation de zones érogènes profondes (prostate, périnée), élargissement du répertoire sensuel, développement de la conscience corporelle et renforcement du lien affectif. Sur le plan psychologique, c’est aussi une opportunité d’explorer le lâcher-prise, l’égalité érotique et la réceptivité comme compétence active.

Mais cette traversée n’est pas neutre. Comme le rappellent Alain Héril, Thérèse Hargot et Philippe Brenot, toute exploration sexuelle qui touche aux fondements de notre identité mérite un cadre clair, un consentement explicite et une intégration émotionnelle. Mal préparée, cette expérience peut générer malaise ou distance au sein du couple. A contrario, bien accompagnée, elle devient un rite sensuel et symbolique de confiance mutuelle.

Dans cet article, nous explorerons le pegging sous toutes ses facettes : ses origines culturelles, ses dimensions anatomiques et psychocorporelles, ses enjeux psychologiques et relationnels, les bénéfices possibles, les précautions à prendre et la manière dont un accompagnement thérapeutique peut en amplifier la portée transformatrice.

1 - Origines et représentations culturelles du pegging : de l’ombre à la lumière

Le terme pegging a été popularisé en 2001 par la chroniqueuse Dan Savage à la suite d’un sondage auprès de ses lecteurs. Mais la pratique elle-même n’a rien de récent. Dans les archives érotiques, on retrouve des représentations de femmes pénétrant des hommes avec des objets ou prothèses dès l’Antiquité gréco-romaine. Certaines fresques de Pompéi montrent déjà des scènes d’inversion de rôles sexuels, non pas comme transgression, mais comme variation ludique du plaisir.

Anthropologiquement, plusieurs cultures traditionnelles ont connu des pratiques érotiques où la pénétration anale masculine n’était pas stigmatisée. Dans certains rites initiatiques de Papouasie ou dans des contextes chamaniques d’Asie centrale, elle pouvait même être associée à un passage symbolique vers une conscience élargie ou à un transfert de force vitale (cf. travaux de Gilbert Herdt sur la sexualité rituelle).

 

Le poids des scripts sexuels occidentaux

En Occident, la modernité a figé des scripts sexuels genrés (Gagnon & Simon, 1973) : l’homme est pénétrant, actif, dominant ; la femme est pénétrée, réceptive, "contenante". Ce modèle a été renforcé par la pornographie mainstream qui, comme le rappelle Thérèse Hargot, perpétue un imaginaire où l’orgasme masculin est souvent la finalité et où la réceptivité de l’homme reste invisible ou dévalorisée.

Alain Héril et Philippe Brenot soulignent que ces représentations ne sont pas neutres : elles structurent notre rapport à la virilité et rendent difficile toute exploration où l’homme se place dans une position de receveur. Dans ce contexte, le pegging devient plus qu’un acte sexuel : il agit comme un révélateur des normes implicites.

Du tabou au désir revendiqué

Depuis les années 2010, les forums, podcasts et plateformes éducatives sex-positives (comme OMGYes ou Come As You Are) ont contribué à visibiliser le pegging comme une pratique valide, ludique et potentiellement bénéfique pour la complicité du couple. Certaines figures médiatiques, comme l’autrice et éducatrice sexuelle Tristan Taormino, en ont fait un outil pédagogique pour déconstruire les préjugés sur la sexualité masculine.

Néanmoins, cette émergence publique ne signifie pas que le tabou ait disparu. Loin de là. Dans de nombreux contextes, la pénétration anale masculine reste associée à une remise en question de l’hétérosexualité ou à une perte de pouvoir symbolique. Ce lien direct entre pratique sexuelle et identité est précisément ce que contestent des sexologues comme Leleu ou Perel : "La manière dont nous faisons l’amour ne définit pas qui nous sommes, mais comment nous nous permettons d’être".

 

Maintenant que nous avons posé les bases historiques et socioculturelles, il est temps d’entrer dans la mécanique intime du pegging : comprendre ce qui se joue dans le corps, à la fois au niveau anatomique, neurophysiologique et sensuel, pour démystifier la pratique et mieux l’aborder.

2 - Anatomie, plaisir et enjeux psychocorporels du pegging

Pour comprendre le potentiel du pegging, il faut d’abord sortir des idées reçues et revenir à la réalité anatomique et neurophysiologique. Contrairement à l’image simpliste véhiculée par certains discours, le plaisir anal masculin ne se limite pas à un fantasme "tabou" : il repose sur une richesse de zones nerveuses et musculaires que la science commence à mieux cartographier.

 

La prostate : cœur de la stimulation interne

La prostate, parfois appelée “point P” masculin, est une glande située sous la vessie, traversée par l’urètre, et entourée de fibres musculaires.

  • Physiologiquement, elle joue un rôle clé dans la production de liquide séminal.

  • Sensoriellement, elle est richement innervée, notamment par le nerf pudendal et les branches du plexus hypogastrique.

Les travaux de Robert Levin (2014) et les observations cliniques de Masters & Johnson montrent que sa stimulation peut déclencher des orgasmes différents de ceux obtenus par la seule stimulation pénienne : plus diffus, plus prolongés, parfois décrits comme "vagues" ou "ondulants" par les patients.

 

Au-delà de la prostate : un réseau érogène complexe

Le pegging ne se résume pas à "atteindre la prostate". La zone anale et le rectum contiennent un réseau de terminaisons nerveuses très sensibles, en lien avec :

  • Le périnée (zone entre le scrotum et l’anus, souvent décrite comme “centre énergétique” dans les traditions tantriques).

  • Les sphincters (externe et interne) qui réagissent à la détente musculaire et à la respiration.

  • Les muscles profonds du plancher pelvien, dont la proprioception est un facteur essentiel dans la réception consciente.

Comme le souligne Alain Héril, cette cartographie est unique à chaque homme, ce qui rend la communication indispensable pour ajuster pression, rythme et profondeur.

Les enjeux psychocorporels : réceptivité active et maîtrise interne

L’un des malentendus fréquents est de croire que “recevoir” est passif. En réalité, sur le plan psychocorporel, la réceptivité demande :

  1. Une détente musculaire fine : relâcher les muscles profonds du bassin sans dissociation.

  2. Une gestion respiratoire : inspirer pour accueillir, expirer pour relâcher les tensions, comme dans certaines pratiques de respiration consciente.

  3. Un ancrage émotionnel : rester présent malgré l’exposition de zones vulnérables.

Cette dynamique se rapproche d’un exercice méditatif corporel : rester attentif à ce qui se passe dans le corps, tout en laissant circuler les sensations.

Le Dr Sylvain Mimoun rappelle que cette compétence est transférable : "Celui qui sait recevoir avec conscience sait aussi écouter, accueillir un compliment, ou recevoir un feedback sans se contracter".

 

D’un point de vue sexothérapeutique

En sexothérapie, cette compétence de réceptivité consciente devient un levier thérapeutique. Comme le note Leleu, elle permet à l’homme de "vivre l’expérience de l’ouverture" et à la femme de "prendre un rôle actif structurant" pour l’équilibre du couple.

 

Après avoir exploré la mécanique corporelle et les enjeux sensoriels, nous allons voir comment le pegging transforme la dynamique psychologique et relationnelle dans le couple, en bousculant les notions de pouvoir, de rôle et de communication intime.

3 - Dynamiques psychologiques et relationnelles : quand le pegging bouscule les rôles établis

Le pegging ne se joue pas uniquement dans le corps. Il agit comme un déclencheur de réaménagement symbolique dans le couple. En plaçant l’homme dans une position de receveur et la femme dans une position pénétrante, il interroge les notions de pouvoir, de vulnérabilité et de désir.

 

Défaire les scripts sexuels intériorisés

Dans la majorité des cultures occidentales, la sexualité hétérosexuelle est encore construite sur un scénario implicite :

  • L’homme : moteur du désir, actif, pénétrant.

  • La femme : réceptive, "offrant" son corps.

Esther Perel parle de "scripts figés" qui limitent la créativité érotique et empêchent la rencontre authentique des désirs. Le pegging, en inversant ces rôles, fonctionne comme un acte de recadrage symbolique : il montre que la pénétration n’est pas intrinsèquement liée au genre, mais à une posture dans le jeu érotique.

 

Réceptivité comme compétence relationnelle

Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, recevoir n’est pas passif : cela exige une présence corporelle et émotionnelle active.

  • Sur le plan psychologique, pour un homme, cela peut représenter un apprentissage de la vulnérabilité assumée.

  • Sur le plan relationnel, cela oblige à faire confiance : laisser l’autre guider, adapter ses gestes, lire les signaux corporels.

Dans ses travaux, Alain Héril rappelle que cette capacité à recevoir "transforme la perception de la masculinité" et ouvre la voie à une masculinité plus intégrative, moins défensive.

Quand la femme prend le lead érotique

Pour beaucoup de femmes, comme le note Thérèse Hargot, le rôle actif dans l’érotisme reste encore peu exploré, même après des décennies de "libération sexuelle".
Et pourtant, le pegging peut leur offrir :

  • Une légitimité sensuelle : sentir que leur plaisir à donner est pleinement reçu.

  • Un sentiment de puissance créative : guider le rythme, la profondeur, l’intensité.

  • Une occasion de tester leur capacité d’écoute active tout en étant dans l’action.

Perel parle ici de "leadership érotique" : savoir conduire sans dominer, diriger sans perdre la connexion.

 

Les résistances et peurs courantes

Malgré l’intérêt érotique, beaucoup d’hommes (et certaines femmes) expriment des résistances :

  • Peur que la pratique soit perçue comme une remise en question de l’orientation sexuelle.

  • Crainte de perdre le contrôle ou de paraître moins "viril".

  • Sentiment d’inconfort face à l’exposition émotionnelle que représente la position de receveur.

Philippe Brenot rappelle que ces freins sont souvent liés à des conditionnements culturels, et non à des vérités physiologiques ou identitaires.

 

Maintenant que nous avons exploré les enjeux relationnels et psychologiques, il est temps de passer à la partie pratique et sécuritaire : comment préparer le corps, le couple et l’esprit pour une expérience de pegging positive, respectueuse et fluide.

4 - Préparer le corps, le couple et l’esprit pour une expérience réussie

Le pegging ne s’improvise pas. Comme pour toute pratique sexuelle engageant des zones sensibles et chargées symboliquement, la préparation est essentielle pour garantir confort, plaisir et sécurité émotionnelle.

 

1. Préparer le corps : détente et conscience musculaire

  • Hygiène et confort : un lavage doux de la zone anale avant la pratique suffit dans la majorité des cas ; un lavement léger peut être envisagé si la personne se sent plus à l’aise.

  • Échauffement musculaire : étirements doux du bassin, respiration diaphragmatique, exercices de Kegel inversés (relâcher plutôt que contracter).

  • Progression : commencer par un toucher externe, puis explorer avec un doigt ganté et lubrifié, avant d’introduire progressivement un plug ou un petit gode-ceinture.

Nota : Leleu insiste sur l’importance d’un apprentissage graduel pour éviter la contraction réflexe des sphincters, souvent liée à la peur ou à la surprise.

 

2. Installer un cadre sécurisant dans le couple

  • Consentement explicite : il doit être clair, enthousiaste et réversible à tout moment.

  • Signaux verbaux et non-verbaux : prévoir un mot-clé pour faire une pause, mais aussi apprendre à lire les signes corporels de confort ou d’inconfort.

  • Rythme et adaptation : la personne qui pénètre doit s’adapter en permanence aux sensations exprimées, sans chercher la performance.

Nota : Brenot souligne que dans les pratiques sexuelles atypiques, la sécurité émotionnelle est le socle qui transforme une expérience potentiellement intrusive en un moment de confiance et d’intimité.

 

3. Communication sensuelle avant, pendant, après

  • Avant : partager fantasmes, craintes et limites. Visualiser ensemble les gestes et positions possibles.

  • Pendant : verbaliser les sensations ("plus lent", "plus profond", "garde ce rythme") et encourager les expressions spontanées.

  • Après : prendre un moment de connexion post-pratique (câlins, échanges) pour renforcer l’intimité et éviter la dissociation émotionnelle.

Nota : Hargot rappelle que l’intégration émotionnelle post-acte est aussi importante que l’acte lui-même, surtout quand il s’agit de pratiques symboliquement chargées.

 

4. Points clés de sécurité

  • Utiliser un lubrifiant abondant à base d’eau ou de silicone.

  • Choisir un gode-ceinture adapté à la morphologie et à la progression (ni trop long, ni trop large au départ).

  • Éviter les matériaux poreux difficiles à nettoyer.

  • Ne jamais forcer : si le corps se contracte, on revient à des stimulations plus douces.

 

Après la préparation et la sécurité, il est temps de s’intéresser à la symbolique et aux lectures psycho-sexuelles du pegging : pourquoi cette pratique déclenche autant de fantasmes, de peurs et, parfois, de révélations intimes.

5 - Symbolique, fantasmes et lectures psychologiques

Le pegging ne se réduit pas à une stimulation physique de la prostate. Il résonne avec des imaginaires, des archétypes et des enjeux identitaires qui dépassent l’acte sexuel en lui-même. Voici ce qu'il révèle : 

 

Une transgression des scripts sexuels classiques

Dans la construction culturelle occidentale, la pénétration est historiquement associée au pouvoir, à l’initiative et à la virilité (Brenot, 2012). Le pegging inverse ce code, créant un espace où la réceptivité masculine devient centrale et où la femme incarne le rôle pénétrant.

  • Pour certains, c’est vécu comme un jeu subversif qui excite par sa transgression.

  • Pour d’autres, c’est une remise en cause inconfortable de la “place naturelle” des sexes… signe que le corps reste porteur de normes intériorisées.

Nota : Esther Perel souligne que la transgression, dans l’érotisme, ne sert pas uniquement à choquer, mais à raviver le désir en élargissant le champ des possibles.

 

Le pouvoir de la réceptivité

Dans Le Sexe et l’amour, Leleu explique que "s’ouvrir à l’autre" est un acte d’une puissance insoupçonnée, car il engage le lâcher-prise, la confiance et la conscience corporelle.
Avec le pegging, Leleu écrit que l’homme expérimentant la pénétration anale développe :

  • Une maîtrise fine de son corps (respiration, relâchement musculaire, accueil de sensations nouvelles).

  • Une capacité d’abandon actif : être dans le ressenti plutôt que dans la performance.

  • Une reconnaissance de la vulnérabilité comme partie intégrante de la puissance masculine.

Le fantasme du pouvoir inversé

Pour certaines femmes, guider l’acte pénétrant est un accès inédit à un rôle érotique actif. Elles explorent :

  • Le plaisir de “donner” physiquement.

  • Une sensualité kinesthésique et visuelle en observant le corps masculin différemment.

  • Le sentiment de légitimité et d’autorité dans la sphère sexuelle.

Nota : Thérèse Hargot note que cet accès au pouvoir sensuel ne signifie pas domination au sens coercitif, mais puissance relationnelle : guider tout en restant à l’écoute.

 

Un exemple : en couple depuis 12 ans, Thomas, 46 ans, me consulte pour un blocage érectile occasionnel. Après plusieurs séances centrées sur la communication sensuelle et la réceptivité, il a fini par dépasser sa peur (Thomas avait très envie de tester le pegging, mais il avait encore plus peur d'avoir mal et de changer d'orientation sexuelle ...) et a proposé à sa compagne d’explorer le pegging.

  • Effet physique : amélioration de la conscience corporelle et intensification des orgasmes via la stimulation prostatique.

  • Effet psychologique : diminution de l’angoisse de performance, ouverture à plus de jeu et de spontanéité.

  • Effet relationnel : sa compagne a exprimé un plaisir nouveau à guider l’acte, renforçant leur complicité.

Après avoir exploré la symbolique et les lectures psychologiques, il reste à conclure sur les bénéfices à long terme du pegging dans la vie sexuelle et relationnelle, ainsi que sur les précautions pour que la pratique reste épanouissante.

6 - Bénéfices durables et précautions à long terme

Le pegging, lorsqu’il est pratiqué dans un cadre sain et consenti, peut avoir des effets qui dépassent largement l’expérience ponctuelle. C’est une pratique qui, bien intégrée, nourrit la sexualité, le lien de couple et l’exploration personnelle.

 

1. Bénéfices physiques et sensoriels

  • Stimulation prostatique : peut entraîner des orgasmes intenses et prolongés, parfois différents des orgasmes pénien classiques (Levin, 2011).

  • Meilleure conscience pelvienne : l’homme apprend à mobiliser et détendre des zones musculaires souvent négligées.

  • Amélioration de la circulation et de la détente globale : le travail respiratoire et musculaire sollicité peut réduire certaines tensions chroniques du bassin.

Nota : Masters & Johnson ont montré que la diversification des stimulations améliore la plasticité sexuelle et la capacité orgasmique.

 

2. Bénéfices psychologiques

  • Réduction de l’angoisse de performance : en sortant du script "érection-pénétration-éjaculation", on ouvre un espace où la valeur érotique ne se mesure pas à la performance.

  • Renforcement de la confiance : se confier à l’autre dans une posture de vulnérabilité renforce la sécurité émotionnelle.

  • Exploration identitaire : certains hommes découvrent que leur masculinité n’est pas menacée par la réceptivité, mais enrichie.

Nota : Leleu rappelle que la confiance corporelle s’ancre dans l’expérience directe de son corps en lien, pas dans l’idée qu’on s’en fait.

 

3. Bénéfices relationnels

  • Dialogue érotique renforcé : cette pratique nécessite et encourage une communication plus fine sur les sensations et les limites.

  • Partage de rôles : la partenaire découvre un rôle actif, l’homme explore un rôle réceptif, ce qui diversifie la dynamique sexuelle.

  • Création de souvenirs intimes : l’expérience devient un marqueur relationnel fort, souvent chargé d’émotion.

Nota : Perel insiste sur le fait que l’érotisme se nourrit d’expériences nouvelles et de moments de complicité inédits.

 

Précautions à long terme

  • Continuer le dialogue : vérifier régulièrement que la pratique reste désirable pour les deux partenaires.

  • Éviter la routine : varier les contextes, les rythmes, les accessoires pour maintenir la curiosité.

  • Respecter les signaux du corps : éviter toute douleur prolongée ou sensation d’inconfort persistant.

Nota : Brenot rappelle que la sexualité évolue au fil des années, et que la clé est l’adaptation constante aux envies et aux besoins du couple.

Quizz : êtes-vous prêts à explorer le pegging ensemble ?

Quizz introspectif 

(À faire séparément, puis à partager ensemble)

Mode d’emploi : plutôt qu’un simple "oui" ou "non", répondez sur une échelle de 1 à 5 (1 = pas du tout vrai, 5 = totalement vrai), puis expliquez à votre partenaire ce qui se cache derrière votre chiffre. L’objectif n’est pas de "réussir" le quizz, mais de créer un espace de parole et de désir partagé.

 

1. Notre parole intime circule librement

Sommes-nous capables de parler de nos envies sexuelles, même inhabituelles, sans peur du jugement ?
Selon Esther Perel, la curiosité sexuelle dans le couple ne peut exister que si la communication reste vivante et ouverte, même sur des fantasmes qui sortent du cadre habituel.

 

2. Nous savons poser nos limites clairement

Savons-nous exprimer nos "oui" et nos "non" sans ambiguïté, tout en restant à l’écoute de l’autre ?
Thérèse Hargot rappelle que le consentement est un processus dynamique, pas un feu vert unique. Il évolue avec les sensations et l’état émotionnel.

 

3. Nous savons dépasser un tabou ensemble

Avons-nous déjà traversé une barrière culturelle, morale ou personnelle pour enrichir notre sexualité ?
Référence : Alain Héril souligne que certaines peurs liées à la sexualité masculine viennent d’un héritage culturel qui associe pénétration reçue à perte de virilité.

 

4. Je me sens en sécurité émotionnelle

Si je devais être vulnérable pendant l’acte, est-ce que je saurais que l’autre resterait présent, attentif et respectueux ?
Les travaux de John Bowlby sur l’attachement montrent que la sécurité affective facilite l’exploration et la prise de risque érotique.

 

5. Nous avons une conscience anatomique

Savons-nous comment préparer le corps (hygiène, lubrification, respiration, positions) pour que la pénétration anale soit confortable et sans risque ?
Les recherches de Levin et Wylie sur la physiologie sexuelle masculine confirment que la prostate est une zone hautement érogène… mais qui demande une approche progressive.

 

6. Nous acceptons la lenteur et l’apprentissage

Sommes-nous prêts à vivre cette expérience comme un chemin, sans pression de performance ou d’orgasme ?
Masters & Johnson insistaient sur l’importance de la "plateforme érotique", ces phases de découverte progressive qui nourrissent le plaisir.

 

7. Notre plaisir est mutuel

Ai-je autant envie d’offrir que de recevoir dans cette exploration ?
Pour Leleu, l’érotisme épanoui repose sur un échange d’énergie et de présence, pas seulement sur une recherche individuelle de satisfaction.

 

8. Nous savons accueillir l’imprévu

Si quelque chose de gênant ou d’inattendu se produit, saurons-nous en rire ou l’accueillir sans casser le lien ?
Le sexologue Jacques Waynberg rappelait que la sexualité épanouie inclut la capacité à accueillir l’humain, donc aussi l’imprévu.

 

9. Nous acceptons d’inverser nos rôles habituels

Sommes-nous prêts à expérimenter une dynamique où celui/celle qui d’ordinaire "reçoit" devient l’actif, et inversement ?
Les études de Connell sur les masculinités montrent que la remise en question des rôles genrés ouvre de nouvelles potentialités relationnelles.

 

10. Nous intégrons nos expériences

Après l’exploration, sommes-nous disposés à reparler ensemble de ce que nous avons aimé, moins aimé, ou ce que nous voudrions ajuster ?
Selon Wendy Maltz, la phase d’intégration émotionnelle est essentielle pour transformer une expérience sexuelle en apprentissage relationnel.

 

Clé de lecture

  • 40–50 points → Vous avez une base solide de communication, de confiance et de curiosité : les conditions sont réunies.

  • 25–39 points → Vous avez besoin de consolider certains piliers (communication, sécurité émotionnelle, connaissance anatomique).

  • Moins de 25 points → Priorité : travailler la confiance, la parole intime et la sécurité avant d’explorer le pegging.

Astuce thérapeutique : notez vos réponses séparément, puis échangez-les en prenant le temps de commenter. L’objectif n’est pas de convaincre, mais de comprendre ce qui nourrit ou freine votre désir.

Quizz post-expérience : intégrer, nommer et transformer

Et après l’expérience ? Pour que cette exploration ne soit pas seulement un moment intense mais aussi une étape de croissance dans votre lien, je vous propose maintenant un quizz post-expérience : un outil pour intégrer vos ressentis, ajuster vos pratiques et renforcer votre complicité.

C’est une invitation à revisiter votre traversée pour en recueillir les fruits, individuellement et à deux.

1. Le corps

  • Quelles sensations corporelles restent présentes quelques heures après l’expérience ?

  • Ai-je ressenti de la détente, de la contraction, de l’énergie, du plaisir diffus ?

  • Comment mon corps appelle-t-il à prolonger ou à ajuster l’expérience ?

2. L’émotion

  • Quelle émotion principale m’habite en y repensant (fierté, peur, joie, trouble, gratitude…) ?

  • Ai-je vécu des moments où j’ai eu envie de me refermer ? Comment les ai-je traversés ?

  • Qu’est-ce qui m’a surpris dans ma réceptivité ou dans mon rôle actif ?

3. La relation

  • Qu’ai-je découvert de nouveau sur mon/ma partenaire à travers ce rôle inversé ?

  • Est-ce que je me suis senti.e plus proche, plus éloigné.e, ou simplement différent.e ?

  • Ai-je ressenti un espace de confiance suffisant pour rester authentique ?

4. Le symbolique

  • Si je devais donner un mot, une image ou une métaphore à ce moment, ce serait…

  • Qu’ai-je déposé ou laissé derrière moi grâce à cette expérience ?

  • Quelle graine a été semée pour notre sexualité future ?

5. L’intégration

  • De quoi ai-je envie maintenant : en reparler, recommencer, mettre en pause, explorer autre chose ?

  • Qu’aimerais-je demander ou offrir à mon/ma partenaire à la suite de cette expérience ?

  • Comment allons-nous ritualiser ce souvenir pour qu’il devienne un jalon de notre histoire de couple ?

 

L’objectif n’est pas d’évaluer mais de transformer l’expérience en un passage conscient, une étape de croissance pour le couple.

Conclusion

Le pegging n’est ni une "mode" ni une simple fantaisie sexuelle : c’est une pratique qui convoque des dimensions physiques, sensorielles, psychologiques et symboliques profondes. Elle bouscule les scripts traditionnels, ouvre la voie à de nouvelles formes de plaisir et invite à une réappropriation consciente de la réceptivité masculine. Bien conduit, il enrichit la sexualité et nourrit la complicité, tout en déconstruisant les clichés sur le masculin et le féminin dans l’intimité.

Pour le dire autrement, le pegging n’est pas un simple jeu sexuel. C’est une expérience initiatique où chacun traverse ses représentations intimes et collectives. Pour l’homme, accepter la réceptivité, c’est découvrir qu’elle n’est pas une faiblesse mais une compétence : celle de s’ouvrir, de lâcher prise, d’habiter son corps autrement. Pour la femme, prendre le lead érotique, c’est assumer une puissance souvent bridée, goûter au plaisir de guider et incarner un désir actif, pleinement légitime.

Sur le plan psychologique et systémique, cette pratique devient un miroir relationnel : elle révèle la capacité du couple à dialoguer, à se faire confiance, à oser sortir des scripts habituels. Elle peut réveiller des résistances, mais aussi renforcer la complicité, nourrir l’estime réciproque et ouvrir de nouveaux espaces de plaisir partagé.

Et sur le plan symbolique, le pegging dépasse largement la chambre à coucher. Il interroge nos héritages culturels, nos croyances genrées, nos habitudes d’inégalité. Quand une femme pénètre un homme, ce n’est pas seulement une inversion mécanique : c’est un geste politique du corps qui déstabilise l’histoire, questionne la domination, et ouvre à une vision plus fluide et égalitaire de l’érotisme.

Se demander "Et si nous osions explorer ?" ne revient donc pas à se jeter dans l’inconnu sans filet. C’est une démarche de couple qui suppose un dialogue honnête, un respect mutuel et une curiosité réciproque. Que vous soyez tenté·e par le pegging ou que vous le perceviez encore comme un tabou, l’essentiel est de questionner vos représentations, vos envies, vos limites.

En ce sens, le pegging n’est pas une provocation. C’est une question véritablement incarnée sur la puissance et la vulnérabilité, une invitation à sortir des rôles figés pour entrer dans un lien plus libre et plus conscient. 

 

Et si vous en faisiez un chemin de transformation pour votre couple ?
Dans mes accompagnements, j’aide les couples à transformer leurs pratiques intimes en véritables passages de croissance. Parce qu’au fond, l’amour et le couple ne sont pas seulement des lieux de plaisir ou de confort : ce sont des chemins d’éveil.

Que ce soit en séance individuelle ou en séance de couple, nous pouvons ensemble créer un espace sécurisant pour :

  • Clarifier vos désirs et vos limites.

  • Dépasser les freins émotionnels ou relationnels.

  • Ancrer vos explorations dans un lien érotique vivant et durable.

Découvrez mes accompagnements et mes 2 parcours phares en 1.1 sur 10 séances : Voyage au Cœur de Soi et Traverser la blessure d’amour pour renaître au lien sacré, où la sexualité devient un art de se rencontrer pleinement.

 

L’érotisme conscient est un chemin : chaque pas compte

Bibliographie

  • Connell, Raewyn W. (1995). Masculinities. University of California Press.

  • Gagnon, John H. & Simon, William (1973). Sexual Conduct: The Social Sources of Human Sexuality. Aldine Publishing.

  • Hargot, Thérèse (2014). Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque). Albin Michel.

  • Héril, Alain (2007). L’art d’aimer. Payot.

  • Leleu, Gérard (2000). Le Traité des caresses. Éditions Marabout.

  • Leleu, Gérard (2005). Le Traité des orgasmes. Éditions Marabout.

  • Leleu, Gérard (2010). Le Traité du désir. Éditions Marabout.

  • Levin, Robert J. (2018). "Prostate-induced Orgasms: A Concise Review Illustrated With a Highly Relevant Case Study." Clinical Anatomy, 31(3), 414-420.

  • Masters, William H. & Johnson, Virginia E. (1966). Human Sexual Response. Little, Brown and Company.

  • Perel, Esther (2006). Mating in Captivity: Unlocking Erotic Intelligence. HarperCollins.

  • Conclusion de Désirer comme un homme. Analyse de la réceptivité masculine comme défi à la masculinité normative : https://shs.cairn.info/desirer-comme-un-homme--9782348088216-page-185?lang=fr

  • Chapitre dans Sexualité, excès et représentation (2023). Discussion sur la tension entre réceptivité féminine et sexualité masculine "sale" ou brutale ;  Une esquisse pour une compréhension psychanalytique de la bisexualité psychique, par Rosine Jozef Perelberg https://shs.cairn.info/sexualite-exces-et-representation--9782130827160-page-23?lang=fr

NeoSoi - Dr Céline BERCION - psychologue sociale et systémique, thérapie de couple et sexothérapie - Bordeaux et visio

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