Pratiquer la circlusion : exercices, bienfaits et clés pour transformer sa sexualité de couple
Pratiquer la circlusion : exercices, bienfaits et clés pour transformer sa sexualité de couple
Imaginez que ce soit votre bassin qui guide l’acte sexuel, votre rythme qui enveloppe, votre souffle qui décide.
Et si nous n’avions jamais parlé de pénétration, mais toujours de circlusion ? Depuis des siècles, ce mot de pénétration façonne nos imaginaires : il installe un script implicite où l’homme agit et la femme subit. Comme le rappellent Pascale Molinier (2012) ou Mona Chollet (2021), le langage n’est pas neutre : il conditionne nos façons d’aimer et de désirer.
De quoi parle-t-on ? En 2016, la philosophe féministe Bini Adamczak propose un terme inédit : la circlusion. Popularisé ensuite par Sophie Lewis dans The New Inquiry (2022), ce mot renverse le regard. Désormais, ce n’est plus l’homme qui pénètre, mais la femme (ou toute personne accueillante) qui choisit, englobe et enveloppe.
En France, c'est Maïa Mazaurette (Le Monde, 2021), le romancier Martin Page, puis des médias comme Hello Hédoné (2022) ou Elle.be (2023) qui ont contribué à diffuser ce concept. Tous pointent la même évidence : changer les mots, c’est changer l’expérience intime.
Voyons cela de plus près. Les chiffres confirment cette nécessité :
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60 % des femmes n’atteignent pas l’orgasme par la seule pénétration vaginale (Inserm, 2021).
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30 % simulent régulièrement (Mimoun, 2019).
Ces données ne sont pas abstraites. En consultation, combien de femmes se confient : "je me sens prise, parfois même pris d'assaut, mais je me sens pas vraiment actrice".
Derrière ces chiffres, c’est en fait le vécu du corps féminin qui se dit : une sexualité centrée sur la pénétration ne suffit pas à nourrir désir et plaisir, encore moins sur du long terme.
La circlusion, en rendant le pouvoir à l’accueil, ouvre une autre voie.
Mais ce terme suscite aussi débats et résistances : certains y voient une nouvelle essentialisation (les femmes accueilleraient par nature), d’autres rappellent que le mot est né dans les milieux queer et craignent son appropriation hétéro. Pour ma part, je dirai que ces tensions sont précieuses : elles évitent de réduire la circlusion à un slogan ou à une mode.
Par ailleurs, comme l’ont montré Sue Johnson (2010) et Stan Tatkin (2012), une sexualité sécure se fonde sur l’équilibre entre donner et recevoir, sur la possibilité d’être tantôt actif, tantôt accueilli. La circlusion s’inscrit pleinement dans cette dynamique : elle restaure une symétrie, nourrit la sécurité relationnelle et redonne souffle au désir.
Et surtout, au-delà du corps, la circlusion parle aussi d’une posture existentielle : celle de l’ouverture, de l’accueil, du lien au monde et à l’autre. Elle peut même devenir une métaphore spirituelle, un acte de conscience élargie.
Dans cet article, j’explorerai la circlusion sous trois angles qui me sont chers :
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Clinique, comme sexothérapeute accompagnant femmes et couples.
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Systémique, comme psychologue sociale travaillant sur les scripts et normes implicites.
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Symbolique et transpersonnel, comme praticienne des états élargis de conscience.
Pour ma part, je dirais que la circlusion n’est donc pas une simple pratique sexuelle : c’est une révolution linguistique, psychologique et spirituelle, qui permet de réinventer l’amour et la sexualité au sein du couple.

I - Circlusion : définition, origines et diffusion
Un mot pour renverser le sexe et nos imaginaires
Qu’est-ce que la circlusion ?
La circlusion désigne l’acte d’accueillir, d’envelopper et de guider dans la rencontre sexuelle.
Là où la pénétration suppose qu’un corps agit et qu’un autre subit, la circlusion redonne au corps accueillant la puissance du choix : décider du rythme, de la profondeur, de la durée.
Sur le plan sensoriel, la différence est tangible : circuler, c’est sentir ses muscles pelviens se refermer et se relâcher, c’est respirer en conduisant l’acte, c’est transformer l’intérieur en espace actif et vibrant. Pour l’homme, c’est expérimenter l’autre côté : être accueilli, retenu, désiré.
En sexothérapie, cette nuance change tout. Lorsqu’une femme me raconte : "je me sens pénétrée mais pas actrice", je lui propose de reformuler ainsi : "et si vous disiez : je t’accueille ?". Le simple fait d’oser cette phrase modifie sa posture : le souffle descend, le regard s’illumine. Le mot réorganise le corps. C'est en fait un exercice simple d'une rare densité.
Origines conceptuelles
Le terme apparaît en 2016 sous la plume de la philosophe allemande Bini Adamczak dans Missy Magazine. Elle écrit : "celui qui pénètre est actif, celle qui est pénétrée est passive. Ce langage confisque la capacité d’agir de la femme". D’où la proposition de Zirkulation (circlusion) : redonner aux femmes le pouvoir d’envelopper.
Diffusion francophone : du militantisme au grand public
En France, la journaliste Maïa Mazaurette en parle dans Le Monde (2021) : "changer de mot, c’est changer de point de vue. Circlusion permet de rendre aux femmes la part active qu’elles ont toujours eue".
Le romancier Martin Page le reprend dans ses interventions, expliquant que "les mots sont des armes politiques qui nous permettent de réinventer nos désirs".
Puis, des médias comme Hello Hédoné (2022) en font un outil pour repenser la sexualité consciente, tandis que Elle.be (2023) le vulgarise en affirmant : "la circlusion change notre manière de concevoir l’acte sexuel".
Ces reprises montrent que le terme circule désormais entre milieux militants, littéraires et mainstream, signe qu’il touche à quelque chose de fondamental dans l’imaginaire sexuel.
Un mot déjà débattu
La circlusion ne fait pas consensus.
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Pour certains, elle risque d’essentialiser les rôles (les femmes accueillent, les hommes donnent).
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D’autres craignent une récupération marketing qui viderait le terme de sa portée critique.
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D’autres encore dénoncent son appropriation hétérosexuelle alors qu’il est né dans les milieux queer.
Je trouve que ces tensions sont précieuses : elles prouvent que la circlusion n’est pas un gadget, mais un concept vivant, qui bouscule et fait réagir.
Une bascule systémique : le mot comme acte social
En psychologie sociale, les mots ne sont jamais neutres : ils sont des scripts sociaux qui organisent nos comportements (Moscovici, 2012).
Dire pénétration, c’est reconduire une norme phallocentrée qui place l’homme en acteur et la femme en réceptacle.
Dire circlusion, c’est introduire un micro-changement linguistique qui déstabilise un macro-système de normes sexuelles.
Comme le rappelle Gwenaëlle Persiaux (2017), nos blessures d’attachement et nos scripts amoureux inconscients pèsent sur la sexualité. Nommer autrement, c’est désamorcer ces scripts.
En consultation, introduire le mot circlusion devient alors un acte thérapeutique : il redonne agency (c'est-à-dire la capacité de l’être humain à agir de façon intentionnelle sur lui-même, sur les autres et sur son environnement) aux femmes, soulage les hommes de la pression performative et ouvre pour les couples un espace de réciprocité.

Une mémoire symbolique et mythologique
La circlusion n’est pas seulement un mot contemporain. Elle réactive aussi une mémoire archaïque.
Si on regarde au-delà de notre société contemporaine, dans de nombreuses traditions, l’acte sexuel était pensé comme un retour à la matrice plutôt qu’une conquête du corps féminin :
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Dans les mythes sumériens, la déesse Inanna "englobe" son amant Dumuzi.
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En Inde, Shakti est décrite comme la force qui accueille et dynamise l’union.
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Dans la cosmogonie grecque, Gaïa engloutit et contient les puissances divines avant de les faire naître.
Ces récits suggèrent que l’idée d’"envelopper" est aussi ancienne que nos mythes fondateurs.
Ainsi , la circlusion ne crée pas une nouveauté, elle réactualise une sagesse oubliée, celle qui associe le sexe à l’accueil et à la puissance matricielle.
Un mot pour le corps, le couple et la société
Comme l’écrit Mona Chollet (Réinventer l’amour, 2021) : "les mots que nous utilisons pour dire l’intime façonnent ce que nous croyons possible". La circlusion est un mot qui agit :
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Dans le corps, en transformant le vécu sensoriel.
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Dans le couple, en rééquilibrant les dynamiques de pouvoir.
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Dans la société, en ébranlant un langage sexuel hérité du patriarcat.
La circlusion n’est pas seulement un mot nouveau. C’est un outil clinique, politique et symbolique, qui permet de réinventer l’intime.
Vers de nouveaux enjeux psychologiques et relationnels
Mais l’effet de ce mot ne s’arrête pas au langage. La circlusion agit aussi sur les dynamiques relationnelles et émotionnelles du couple : sécurité, attachement, désir.

II. Les bienfaits (et résistances) de la circlusion sur la sexualité de couple
Un impact direct sur le corps et la santé sexuelle
La circlusion mobilise aussi le corps de manière inédite :
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Plancher pelvien : contractions volontaires renforçant tonicité et prévention des douleurs (Bø & Nygaard, 2020).
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Stimulation nerveuse : activation du nerf vague, favorisant détente et régulation émotionnelle (Porges, 2017).
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Moins de pression masculine : la passivité choisie réduit l’anxiété de performance, facteur clé des troubles érectiles (Mialon, 2019).
Selon l’IFOP (2021), 32 % des femmes et 21 % des hommes déclarent qu’alterner les rôles sexuels (donner/recevoir) améliore leur satisfaction conjugale.
Un levier psychologique : estime et sécurité intérieure
La circlusion agit sur l’estime de soi et la sécurité émotionnelle :
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Agency sexuelle : capacité à influencer positivement son expérience (Sakaluk, 2021).
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Réparation des traumas : redonner du choix et du contrôle, réduisant hypervigilance et dissociation (Pascoal et al., 2020).
C'est le cas de Nadia, 42 ans, ancienne victime d’abus, qui a retrouvé confiance en son corps grâce à la circlusion après quelques séances, vécue comme une reconquête du consentement
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Image corporelle : transformer la peur de « subir » en pouvoir de "recevoir ".
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Impact positif sur les identités masculines : chez les hommes hétérosexuels, elle offre une passivité choisie, rééquilibrant une virilité trop performative (Connell, 2015) ; chez les hommes gays, la circlusion revalorise du rôle du "bottom" dans le script sexuel.
Les résistances psychologiques : un matériau thérapeutique
Les freins sont fréquents, mais féconds en thérapie. Voici les plus vivaces :
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Chez les hommes :
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Peur de "perdre leur virilité".
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Crainte d’être jugés comme "faibles".
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Inquiétude liée au contrôle de l’érection.
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"Si elle fait tout, je ne sers plus à rien". Le travail clinique va alors consister à déconstruire l’équation entre actif = masculin et passif = féminin.
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Chez les femmes :
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Sentiment de "prendre trop de place".
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Peur d’imposer un mouvement jugé "agressif".
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Culpabilité à sortir du rôle "réceptif".
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Au niveau du couple :
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Malaise à nommer explicitement la pratique.
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Risque de conflits si vécue comme inversion hiérarchique et non comme co-création.
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Résistances = révélateurs de scripts sexuels intériorisés → un terrain de transformation.

La dimension interculturelle : tabous et ouvertures
Les représentations varient selon les cultures, de façon plus ou moins réactionnaire :
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Dans les milieux conservateurs (religieux, traditionnels), la circlusion peut être vécue comme une inversion menaçante de l’ordre sexuel.
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Dans les sociétés à éducation sexuelle explicite (Pays nordiques, Québec), elle est intégrée comme un outil de créativité érotique.
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En France, le mot lui-même reste peu connu, générant malaise ou curiosité.
Une étude de Heinemann (2019) montre que dans des couples musulmans pratiquants, la circlusion est associée à une crainte de "perte de pudeur", alors qu’au Québec, elle est présentée dans des ateliers sexo comme pratique d’empowerment.
Des apports qualitatifs récents : paroles de terrain
Les enquêtes qualitatives complètent les chiffres.
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Bedrov et al. (2020) : dans une série d’entretiens, des femmes rapportent que la circlusion "restaure un sentiment de dignité sexuelle" après des expériences de passivité subie.
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Falgares (2019) : souligne que la redéfinition des rôles sexuels (incluant la circlusion) favorise la régulation émotionnelle en couple.
"Quand c’est moi qui choisis le rythme, j’ai l’impression que mon corps parle enfin ma langue"
me dit une femme qui n'avait plus de désir après son deuxième accouchement.
Un effet global sur la satisfaction conjugale
Les couples pratiquant la circlusion rapportent :
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+28 % de désir partagé (IFOP, 2021).
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Moins de conflits sexuels (Falgares, 2019).
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Une complicité accrue et durable (Sakaluk, 2021).
Ca laisse songeur, non ?

III. La portée politique, symbolique, spirituelle… et clinique de la circlusion
En sexothérapie, la circlusion n’est pas une idée abstraite. Elle devient une expérience incarnée qui bouleverse l’équilibre du couple.
Le corps et le système nerveux : la lecture polyvagale de la circlusion
Au-delà des symboles, la circlusion agit aussi sur le système nerveux autonome.
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Selon la théorie polyvagale (Stephen Porges, 2017), le sentiment de sécurité conditionne la possibilité de désir et d’ouverture.
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La circlusion, en ralentissant le rythme et en favorisant une action guidée par la personne réceptrice, diminue l’hyperactivation sympathique (mode lutte/fuite) et favorise la branche ventrale vagale (connexion, sécurité, lien).
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Cette bascule neurophysiologique crée les conditions d’une sexualité apaisée et expansive, où le corps n’est pas dans la performance mais dans la présence.
En pratique, cela se traduit par une respiration plus profonde, un relâchement musculaire et une sensation accrue de sécurité relationnelle.
Deb Dana (2020) rappelle que "la sécurité n’est pas un état, mais une co-régulation".
La circlusion devient alors une pratique qui inscrit cette co-régulation dans l’acte sexuel lui-même.
Entre clinique, politique et sacré : un triptyque incontournable
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Clinique : des couples qui découvrent un nouvel équilibre grâce à la redistribution des rôles.
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Politique : un geste qui défait la norme patriarcale et propose un script égalitaire.
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Spirituel : une voie d’expansion de conscience, où recevoir devient une forme d’initiation.
En fait, c’est cette véritablement dans cette articulation que la circlusion est unique : la circlusion n’est pas seulement un mot nouveau, mais un rituel thérapeutique, social et sacré.

IV. 4 exercices pratiques pour explorer la circlusion dans le couple
Exercice 1 : La bascule des rôles
Objectif : introduire la logique de la circlusion sans pénétration, en expérimentant la réceptivité active et la direction par la voix.
Déroulé :
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Le/la receveur·se s’allonge, ferme les yeux, et ne bouge pas.
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Le/la partenaire actif·ve caresse, masse ou touche doucement, mais uniquement sur commande.
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Le/la receveur·se guide par des phrases courtes : "plus lent", "reste là", "plus de pression, etc.
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Rappel : ta voix est ton sexe, c’est elle qui guide et pénètre.
Attention & sécurité
⚠️ Si donner des ordres crée de l’anxiété (peur d’être trop exigeant·e, peur de perdre l’amour de l’autre, etc.), ralentissez. On peut commencer avec des gestes neutres (par exemple sur les mains ou les épaules) pour réapprendre que guider n’est pas dominer.
Exercice 2 : La respiration de l’accueil
Objectif : connecter souffle et bassin pour préparer la circlusion consciente.
Déroulé :
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Les deux partenaires s’assoient face à face.
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Le/la receveur·se inspire profondément en bascule légère du bassin (rétroversion), comme pour ouvrir un espace.
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À l’expiration, il/elle relâche le plancher pelvien.
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Le/la donneur·se reste immobile, synchronise son souffle, et pose une main sur le bas-ventre du receveur·se pour ressentir l’expansion.
Attention & sécurité
⚠️ Certaines personnes ayant vécu des traumas sexuels ressentent une oppression ou des larmes en travaillant avec le souffle et le bassin. Dans ce cas, on arrête et on revient à une respiration plus simple, mains posées sur la poitrine. Le but est la sécurité, pas la performance.

Exercice 3 – La pénétration consciente inversée
Objectif : expérimenter la circlusion dans l’acte sexuel.
Déroulé :
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Le pénis ou le sex-toy est inséré et reste immobile.
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Le/la receveur·se choisit le rythme, la profondeur et l’intensité par les mouvements de son bassin.
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Le/la donneur·se accompagne par le regard, la respiration et le toucher, sans initier le mouvement.
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Mettre en place un mot-signal ("stop", "change", "plus") pour rester dans la sécurité.
Attention & sécurité
⚠️ Si la pénétration déclenche douleur, crispation ou souvenirs traumatiques → interrompre. Variante possible : explorer les mêmes mouvements de bassin sans pénétration, simplement contre la main ou la cuisse du partenaire. L’idée est de restaurer la liberté du mouvement, pas de forcer le corps.
Exercice 4 – Le rituel du récit partagé
Objectif : intégrer symboliquement et relationnellement l’expérience de la circlusion.
Déroulé :
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Après la pratique, chaque partenaire partage deux phrases :
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"Quand tu m’as laissé(e) guider, j’ai ressenti…"
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"Quand je me suis laissé(e) accueillir, j’ai découvert…"
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Ensemble, ils choisissent un mot rituel (ex. "ancrage", "liberté", "union", etc.).
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Variante concrète : écrire ce mot sur un papier et le glisser sous l’oreiller → matérialiser l’expérience.
Attention & sécurité
⚠️ Si parler est difficile, proposez une écriture silencieuse. Si des émotions fortes (colère, honte, tristesse) apparaissent, accueillez-les sans chercher à les effacer : elles sont souvent le signe que la circlusion touche à des zones profondes du vécu relationnel et sexuel.
En résumé
Ces exercices permettent de :
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Désapprendre le script classique où l’homme "pénètre" et la femme "reçoit passivement".
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Rééduquer le corps par la respiration et le bassin.
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Pratiquer la circlusion concrètement, dans la sécurité et la lenteur.
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Intégrer l’expérience par un rituel relationnel et symbolique.
Ce cheminement fait passer de la simple technique sexuelle à une pratique de transformation du lien, incarnée, neuro-physiologique et spirituelle.

FAQ sur la circlusion
1. Qu’est-ce que la circlusion en sexualité ?
La circlusion, c’est l’art pour la personne pénétrée de prendre le pouvoir sur le mouvement. Au lieu de se laisser "faire", elle dirige profondeur, rythme et intensité. Elle choisit d’envelopper, de guider et de rythmer le rapport, grâce aux mouvements du bassin, aux contractions musculaires et au souffle. Là où la pénétration est souvent perçue comme un geste imposé, la circlusion ouvre à une sexualité où recevoir devient un acte de puissance. C’est une révolution symbolique : recevoir n’est plus passif, c’est actif, choisi, incarné.
2. En quoi la circlusion diffère-t-elle de la pénétration classique ?
La pénétration met en avant celui qui "entre". La circlusion renverse la logique : le sexe, le doigt ou l’objet sont accueillis par des hanches qui décident. Comme le note Bergström (2019), ces renversements redessinent les identités relationnelles contemporaines.
3. Quels sont les bienfaits de la circlusion pour les femmes ?
La circlusion aide les femmes à sortir du rôle passif souvent intériorisé dans la sexualité hétérosexuelle. Elle :
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restaure un sentiment de contrôle corporel,
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favorise la connexion au plaisir vaginal profond,
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diminue le vécu de « subir » la pénétration,
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soutient la réparation des traumas sexuels.
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intensification du plaisir grâce au rythme choisi
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moins de douleurs et d’inconforts liés à la pénétration imposée
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libération de la charge de performance chez l’homme
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rééquilibrage symbolique des rapports de genre et du consentement
Une enquête IFOP (2021) révèle que 35 % des femmes déclarent avoir déjà vécu la pénétration comme "imposée" ou "subie". La circlusion devient donc un outil précieux pour inverser ce vécu et redonner une mémoire de choix.
4. Les hommes peuvent-ils aussi bénéficier de la circlusion ?
Oui. Beaucoup d’hommes témoignent que la circlusion les soulage de la pression de performance. Ils découvrent le plaisir d’être reçus, entourés, contenus. La circlusion invite à une masculinité plus sensible et connectée, sans perdre en puissance mais en gagnant en intimité consciente.
5. La circlusion peut-elle réparer des blessures sexuelles ?
En sexothérapie, la circlusion est utilisée comme outil thérapeutique pour accompagner des personnes ayant vécu une sexualité imposée ou dissociée. En choisissant activement de guider la pénétration, le corps retrouve une mémoire de choix, ce qui restaure confiance, désir et sécurité relationnelle.
Alors oui, la circlusion peut réparer des blessures sexuelles, si et seulement si c’est progressif. Elle peut devenir un acte réparateur, mais seulement avec :
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un consentement explicite,
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des mots-stop clairs,
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un ancrage corporel (respiration, toucher non sexuel),
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parfois un accompagnement thérapeutique.
Comme le rappelle Couvrette (2017) :
l’identité féminine dans le lien se construit aussi en reprenant autorité sur son propre corps.
6. La circlusion est-elle réservée aux couples hétérosexuels ?
Non. La circlusion concerne toute personne qui "accueille" quelque chose dans son corps. Elle se vit dans les couples hétéros, les relations lesbiennes (sex-toys, doigts), dans les relations gays (pénétration anale), ou dans des pratiques queer. C’est une pratique inclusive par essence, car elle s’appuie sur une dynamique réceptive/active plutôt que sur un genre.

7. Existe-t-il des traditions anciennes de circlusion ?
Oui. Le tantrisme, le taoïsme ou certaines traditions afro-brésiliennes reconnaissent depuis longtemps la puissance active du bassin féminin. Ces approches rappellent que recevoir peut être un acte de maîtrise énergétique et non de passivité. La circlusion n’est donc pas une invention récente, mais une redécouverte contemporaine.
8. Quelles positions favorisent la circlusion ?
Au-delà du classique "femme au-dessus", d’autres variantes permettent de guider le mouvement :
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Chaise inversée : assise sur partenaire allongé, elle contrôle tout.
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Yab-yum tantrique : assis face à face, elle dirige par le bassin.
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Cuillères dynamiques : sur le côté, avec liberté de mouvements pelviens.
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Exercice musculaire : contracter puis relâcher les muscles du périnée pendant la pénétration, en variant le rythme.
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Exercice du souffle : guider le rapport par des respirations profondes et des mouvements de bassin synchronisés avec le souffle.
Ici, ce n’est pas la position qui compte, mais la maîtrise du bassin et la capacité à imposer son rythme. L’essentiel est que le/la partenaire pénétrant·e se mette à l’écoute du rythme proposé, plutôt que d’imposer le sien.
9. La circlusion est-elle une pratique féministe ?
La circlusion est parfois lue comme féministe, car elle déconstruit le modèle patriarcal de la sexualité. Mais elle va au-delà : c’est aussi une pratique humaniste et relationnelle qui rééquilibre les rôles, favorise le consentement mutuel et ouvre à une sexualité consciente et sacrée.
10. Et si la circlusion ne fonctionne pas pour moi ?
C’est possible. Certaines personnes peuvent ressentir de l’angoisse, de la culpabilité, ou un manque de connexion au début. La circlusion n’est pas une injonction ni un standard à atteindre : c’est une proposition d’exploration. D’autres voies existent pour réinventer la sexualité : le slow sex, la respiration consciente, l’improvisation corporelle.
11. Quel est le lien entre circlusion et styles d’attachement ?
Les recherches en psychologie de l’attachement (Mikulincer & Shaver, 2016 ; Birnbaum, 2019) montrent que la sexualité réceptive et coopérative est liée à la sécurité d’attachement. La circlusion peut ainsi devenir une expérience correctrice pour des personnes anxieuses ou évitantes : en étant reçu·e activement, le corps apprend que le lien peut être sûr, intime et nourrissant.
- Certaines femmes ont peur de "prendre trop de place".
Ces résistances sont liées aux scripts sociaux hérités (Bozon, 2020) et aux styles d’attachement :
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Anxieux → peur d’être abandonné si je prends le contrôle.
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Évitant → peur de se laisser envahir.
Travailler sur l’attachement en thérapie de couple aide à lever ces blocages.
12. Peut-on apprendre la circlusion en thérapie ou en atelier ?
Oui. Dans mes accompagnements individuels et de couple (Voyage au cœur de Soi et Traverser la blessure d’amour pour renaître au lien sacré), j’accompagne les personnes à explorer la circlusion comme un chemin de guérison et de transformation intime.
Découvrez mes ateliers et retraites pour expérimenter une sexualité plus consciente et réenchanter le lien amoureux.
4 signes que la circlusion peut transformer votre sexualité
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sentiment de subir la pénétration,
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difficulté à exprimer son rythme ou ses besoins,
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orgasme vaginal rare ou absent,
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dissociation corporelle ou anesthésie,
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peur de dire non ou de changer le tempo.
Nota : certains témoignages parlent de libération totale. D’autres de douleurs atténuées grâce au contrôle du rythme. Mais il arrive aussi que la circlusion soit vécue comme une mise en responsabilité trop lourde.
Comme tout outil sexuel, elle doit s’adapter au couple et non l’inverse.

Conclusion
La circlusion : un chemin clinique, symbolique et spirituel vers une sexualité réinventée
La circlusion n’est pas une simple variation technique, mais un bouleversement des imaginaires sexuels et relationnels. Elle interroge nos représentations de l’actif et du passif, de l’homme qui "fait" et de la femme qui "reçoit", pour inviter à une sexualité où l’accueil devient un acte de puissance et de conscience.La circlusion réintroduit un principe fondamental en sexothérapie : la sécurité dans la rencontre. Lorsque la personne qui accueille devient celle qui guide, elle sort de la passivité imposée et retrouve la maîtrise de son rythme corporel.
Les recherches récentes sur l’attachement confirment que la possibilité d’exprimer un choix et d’être entendu·e renforce la sécurité affective et réduit les dynamiques de dissociation. Ce renversement, loin d’être anecdotique, agit comme une réparation relationnelle et psychocorporelle.
Une enquête IFOP (2022) rappelait que 35 % des femmes déclarent ne pas parvenir à exprimer leur rythme ou leur intensité dans les rapports. La circlusion devient alors plus qu’un geste : c'est un véritable outil thérapeutique de régulation émotionnelle et de reprise de pouvoir.
Traditionnellement, dans nos sociétés occidentales, la pénétration a été codée socialement comme un acte actif (celui qui pénètre) face à un acte passif (celui qui reçoit). La circlusion déconstruit cette équation en montrant que recevoir peut être un choix actif, une autorité incarnée.
Mona Chollet (Réinventer l’amour, 2021) et Paule Salomon (La femme solaire, 2012) ont toutes deux montré combien l’émancipation passe par la réappropriation du désir féminin et de l’accueil comme souveraineté. Mais la tension demeure : une partie de la culture patriarcale continue de considérer l’accueil comme une faiblesse.
Mais ... en se décentrant ... Si le terme "circlusion" est récent, l’expérience qu’il désigne n’est pas nouvelle. Dans certains rituels tantriques de l’Inde, le bassin de la femme est considéré comme temple actif du souffle vital (Shakti), guidant l’énergie sexuelle. Dans certaines traditions orientales, comme le taoïsme sexuel, "recevoir" n’a jamais été synonyme de passivité : c’est une manière de guider l’énergie vitale, de canaliser la puissance intérieure connue depuis des siècles. Même dans certaines cultures afro-brésiliennes, les danses rituelles mettent en scène la puissance du bassin féminin qui "prend" et "absorbe" l’énergie de l’autre.
Ces traditions montrent que l’Occident n’invente rien : il redécouvre ce que d’autres cultures savaient déjà, mais avait enfoui sous des siècles de patriarcat et de phallocentrisme.
Enfin, la circlusion n’est pas seulement une technique érotique. Non, loin de là. Elle ouvre une expérience qui dépasse le simple corps-à-corps. En choisissant consciemment d’accueillir, le corps réceptif accède à une expérience élargie de conscience : accueillir l’autre, accueillir l’énergie, accueillir la vie.
A ce sujet, les travaux en psychologie transpersonnelle (Stanislav Grof, 2019 ; Michel Silvestre, 2015) montrent que certaines pratiques sexuelles conscientes peuvent induire des états modifiés de conscience, proches de ceux rencontrés en respiration holotropique ou en méditation profonde.
Et c'est précisément ici, dans cet espace, que l’érotique et le spirituel se rejoignent : la circlusion devient alors un rituel de passage, où l’intime se fait sacré. Ce n’est plus seulement un acte sexuel, mais une expérience de reliance entre le corps, l’âme et le lien amoureux.
Si vous ressentez l’élan de réinventer votre intimité et de libérer votre sexualité des scripts hérités, je vous accompagne dans ce chemin, en séance individuelle, en thérapie de couple ou au sein de mes parcours initiatiques comme « Voyage au cœur de Soi » ou « Traverser la blessure d’amour pour renaître au lien sacré ».
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Bibliographie
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Adamczak, Bini – Beziehungsweise Revolution. 1917, 1968 und kommende. Berlin : Suhrkamp, 2017.
-
Brenot, Philippe – Sex Story : la première histoire de la sexualité en BD. Paris : Les Arènes, 2016.
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Crépault, Claude – La sexologie : science de la sexualité humaine. Montréal : Presses de l’Université de Montréal, 2004.
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Dawson, Gloria – Circlusion. Leeds : Zarf Poetry, 2018.
-
Del Vecchio, Marie-Laure – Le Langage comme aphrodisiaque. Paris : Éditions La Musardine, 2019.
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Dispaux, Laure – La sexualité féminine, bien plus que le plaisir. Paris : Odile Jacob, 2017.
-
Grof, Stanislav – Psychologie de l’avenir : Leçons des recherches modernes sur la conscience. Éditions du Rocher, 2019.
-
Guédeney, Nicole & Guédeney, Antoine – L’attachement : approche théorique et clinique. Paris : Masson, 2010.
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Héril, Alain – Une histoire érotique de la psychanalyse. Paris : Payot, 2009.
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Johnson, Virginia & Masters, William H. – Human Sexual Response. Boston : Little, Brown & Co., 1966.
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Margot Fried-Filliozat
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Amandine Friedmann
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Nathalie Monnin Gallay
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Chantelle Otten
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François-Xavier Poudat
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Anne-Sylvie Repond Monnier

NeoSoi - Dr Céline BERCION - psychologue sociale et systémique, thérapie de couple et sexothérapie - Bordeaux et visio
36 Avenue Roger Cohé
33600
Pessac
France
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