La psychothérapie systémique : transformer le lien et libérer l’être

La psychothérapie systémique est une approche thérapeutique puissante pour celles et ceux qui ressentent un mal-être diffus, des symptômes récurrents ou des schémas relationnels douloureux, sans en comprendre l’origine. Contrairement à d’autres formes de thérapie centrées sur l’individu isolé, la thérapie systémique considère que notre équilibre psychique est profondément influencé par nos liens, nos appartenances, et les systèmes dans lesquels nous évoluons.

En tant que psychologue sociale et systémique, thérapeute de couple et sexothérapeute, j’accompagne depuis vingt ans des personnes qui, un jour, comprennent que leur symptôme n’est pas le problème, mais un message du système.
Et c’est là que la thérapie systémique devient une boussole puissante : elle nous aide à décoder ce langage invisible, à redonner du sens à ce qui semblait absurde et à remettre du mouvement là où tout s’était figé.

La thérapie systémique est née dans les années 1950. Elle a été portée par les travaux de Gregory Bateson, Paul Watzlawick, Salvador Minuchin ou encore Virginia Satir. Elle repose sur une idée fondatrice selon laquelle la souffrance psychique n’est pas uniquement individuelle, elle est le reflet d’un déséquilibre relationnel dans un système vivant (couple, famille, travail, société…).

Autrement dit, plutôt que de chercher "ce qui ne va pas chez moi", la psychothérapie systémique interroge :
"Quel est le rôle que je joue dans ce système ? Quelle fonction a mon symptôme dans mes relations ?"

C’est une approche relationnelle, circulaire, contextuelle et transformative. Et c'est précisément cela que j'aime lorsque je la pratique en psychothérapie. 

1. L’interdépendance : l’individu n’est jamais seul

La thérapie systémique s’appuie sur la théorie des systèmes généraux (Bertalanffy, 1968), selon laquelle chaque être humain évolue dans des ensembles relationnels complexes. Nos comportements prennent sens dans l’interaction.

"Le symptôme est toujours une réponse à un système."
Jean-Jacques Wittezaele, À la recherche de l’école de Palo Alto (2007)

 

2. La circularité : sortir de la logique linéaire

Plutôt que de chercher une cause unique, la systémique explore les boucles relationnelles : un comportement A influence un comportement B, qui influence à son tour A. Cette vision circulaire permet d’interrompre les répétitions et de réintroduire du mouvement.

3. La fonction du symptôme : un signal, pas un dysfonctionnement

Un symptôme psychologique (angoisse, fatigue, retrait, comportement compulsif) peut être une stratégie d’adaptation. Il joue souvent un rôle dans le système, comme maintenir un équilibre fragile, éviter un conflit ou porter un héritage familial.

Anne Ancelin Schützenberger (2004) parlait de “répétitions transgénérationnelles” dans son ouvrage « Aïe, mes aïeux ! », pour désigner ces fidélités invisibles qui traversent les générations.

4. Le rôle du thérapeute systémicien

Le thérapeute systémicien n’est pas un expert qui interprète, mais un facilitateur de conscience relationnelle. Il introduit des hypothèses, éclaire des schémas invisibles, et co-construit avec le patient des pistes de transformation.

Jacques Pluymaekers (2018) insiste sur le rôle du thérapeute comme “perturbateur stratégique” qui déstabilise les routines de pensée pour libérer de nouvelles possibilités.

La thérapie systémique s’applique à de nombreux contextes :

• Thérapie individuelle : pour sortir d’un schéma relationnel répétitif (ex : toujours s’attirer des partenaires distants, subir des violences symboliques, porter un symptôme qui ne nous appartient pas).

• Thérapie de couple systémique : pour comprendre les boucles relationnelles, désamorcer les conflits, améliorer la communication et restaurer la confiance.

• Thérapie familiale : pour apaiser les tensions intergénérationnelles, sortir de la triangulation, identifier les loyautés invisibles et les rôles figés (enfant-symptôme, parent sacrificiel…).

• Accompagnement des transitions de vie : séparation, parentalité, deuil, reconversion, burnout…

Voici ce que cette approche thérapeutique peut vous apporter :

• Une vision claire de votre place dans le système familial, conjugal ou professionnel

• Une libération des répétitions de vie et des rôles figés

• Une transformation de la relation à soi, aux autres et à son histoire

• Une réduction des symptômes liés à l’anxiété, au stress, à la charge mentale ou à la culpabilité

• Une reconnexion au corps et à sa souveraineté émotionnelle

Ma manière de pratiquer la psychothérapie systémique ne se limite pas à l’analyse des interactions. Je travaille sur plusieurs plans de l’être : le psychique, le corporel, le symbolique, le relationnel et le spirituel. Mon approche est profondément intégrative.

Voici comment je l’articule concrètement :

• Avec la psychologie clinique et sociale

Je m’appuie sur les fondements rigoureux de la psychopathologie clinique pour évaluer les mécanismes de défense, les troubles de l’attachement, les traumas précoces, les configurations narcissiques ou borderline. Mais je les mets toujours en lien avec le contexte social et familial, selon les apports de la psychologie sociale critique (Mucchielli, Moscovici, Bronner) et de la sociologie clinique (Gaulejac, Enriquez).

Parce qu’un trouble ne dit pas seulement quelque chose du sujet : il dit aussi quelque chose de ce à quoi il a fallu s’adapter.

• Avec la psychologie sociale et transgénérationnelle pour analyser les rapports sociaux et les transmissions silencieuses,

• Avec la sexothérapie relationnelle, car le corps est souvent le lieu d’expression du système. 

Le corps est souvent le lieu où se loge ce qui ne peut pas se dire dans le système. Inhibitions, douleurs sexuelles, perte de désir ou compulsions ne sont pas seulement des "problèmes intimes" : ce sont des langages du lien, des stratégies inconscientes pour rester fidèle à un système ou éviter un conflit enfoui.

La sexothérapie permet de remettre du sens, du mouvement, de la conscience dans ces vécus. Elle explore les dynamiques de pouvoir, de contrôle, d’abandon, de fusion ou de retrait, souvent issues des histoires transgénérationnelles.

• Avec les états élargis de conscience (via notamment la respiration holotropique) qui permettent d’accéder à des représentations symboliques, archétypales et transpersonnelles du système. Ces états de conscience modifiée permettent de rencontrer :

- des parts de soi exilées ou dissociées,

- des mémoires ancestrales ou collectives,

- des liens invisibles qui façonnent notre positionnement psychique.

Dans ma pratique et ma vision des choses, c'est une manière de désancrer le symptôme de la seule rationalité, afin de le réinscrire dans une intelligence du corps et du mythe. 

• Avec les pratiques narratives

Inspirées des travaux de Michael White et David Epston, les pratiques narratives permettent de déconstruire les récits dominants imposés par le système : "tu as toujours été celle qui est forte", "tu dois réussir", "tu n’es pas assez ceci ou cela".

Le travail consiste à :

- externaliser le problème (ce n’est pas toi qui es le problème, c’est la relation au problème qui pose question),

- raconter une autre histoire à partir de tes ressources, choix, actes de résistance,

- restituer la complexité de ton identité en dehors des rôles figés que tu as portés.

C’est une libération de la narration figée que le système t’a parfois imposée.

• Avec des rituels thérapeutiques pour redonner une place, un sens, une direction au changement.

Dans mes accompagnements, je relie de façon vivante et rigoureuse la psychologie clinique, la psychologie sociale et l’approche systémique. Comme on tisse une étoffe solide et vivante, j'entrelace la psychologie clinique, la psychologie sociale et la psychologie systémique - et bien sûr la psychologie transpersonnelle-.  Cela signifie que je prends en compte à la fois les mécanismes psychiques profonds (traumatismes, attachements précoces, défenses inconscientes), les contextes sociaux et culturels dans lesquels ces souffrances se sont construites (rôles genrés, transmission familiale, normes collectives), et la dynamique des liens qui façonnent et parfois enferment l’identité : 

• La psychologie clinique me permet d’écouter les blessures profondes, les failles du Moi, les traumas oubliés mais agissants.
• La psychologie sociale éclaire les rôles qu’on a dû endosser pour être aimé·e, reconnu·e, conforme. Elle donne du sens à nos comportements dans leur contexte.
• Et l’approche systémique vient relier les fils : elle regarde comment les liens, les loyautés et les silences construisent — ou entravent — notre liberté intérieure.

J’accompagne avec une présence incarnée et contenante, en veillant à ce que chaque prise de conscience, chaque émotion, chaque image ou sensation trouve sa place, s’intègre et transforme doucement l’histoire.

Je mobilise parfois des outils symboliques, des rituels ou des dispositifs d’exploration des dynamiques transgénérationnelles (génogramme, etc.) — mais toujours dans une démarche contextualisée, co-construite et adossée à une lecture clinique précise.

Cette posture me distingue peut-être d'autres approches plus intuitives ou expérientielles, comme les constellations familiales, que je respecte pleinement dans leur intention au regard des bénéfices qu'elles apportent. Mon orientation reste cependant rigoureusement fondée sur des repères théoriques et scientifiques et intégrée à un travail d'accompagnement psychothérapeutique complet.

Plus globalement, je dirais que ce que j’offre à mes clients que j'accompagne en psychothérapie, c’est une écologie thérapeutique du lien et du corps. C'est un espace dans lequel ils peuvent explorer à la fois les récits, les relations, les émotions, les archétypes, les symptômes, les souffrances et les élans de transformation. C’est en articulant tous ces niveaux que les systèmes peuvent vraiment bouger... pour qu'in fine un être humain puisse enfin retrouver sa place juste, libérée des charges qu’il portait pour d’autres.

C'est d'ailleurs un retour fréquent que me font les personnes que j'accompagne, comme le retour de Camille : 

"Au début, je pensais que mon problème, c’était l’anxiété. J’avais des palpitations dès que je devais poser une limite ou dire non dans mon couple. Je croyais que c’était moi, mon hypersensibilité, mon incapacité à gérer les conflits. En fait… c’était bien plus profond que ça.

Avec toi, j’ai compris que mon corps portait quelque chose que personne n’avait jamais nommé dans ma famille. Et par la respiration holotropique, j’ai revécu une scène silencieuse : celle de ma mère qui se taisait toujours devant mon père. Et moi, j’avais appris à faire pareil, même dans un couple complètement différent. À force de toujours vouloir "garder la paix", j’avais perdu ma voix, mon désir, ma place.

Le travail systémique a remis de la clarté. Les pratiques narratives m’ont aidée à déconstruire le récit de "la fille forte qui n’a besoin de personne". La sexothérapie m’a permis de réinvestir mon corps comme un territoire sacré. Et ce moment, où j’ai enfin pu dire : “non, ça ne me convient pas”, sans paniquer, sans culpabiliser, a marqué un avant et un après. Je n’ai pas juste “allégé mes angoisses”. J’ai repris ma place dans ma vie. J’ai réparé une chaîne silencieuse qui n’était pas la mienne. Et aujourd’hui, je peux de nouveau aimer sans me trahir.”
— Camille, 38 ans, accompagnée sur 6 mois avec le parcours "Voyage au coeur de Soi"

La thérapie systémique est faite pour vous si…

Vous êtes en couple et vous avez l’impression de tourner en rond dans les mêmes disputes, les mêmes silences, les mêmes incompréhensions… malgré tout l’amour qu’il reste.
Vous portez une douleur familiale ancienne — un non-dit, une loyauté, une honte — sans pouvoir en nommer précisément l’origine, mais elle pèse, elle vous freine.
Vous ressentez un mal-être diffus, une fatigue de l’âme, comme si vous viviez une histoire qui n’est pas tout à fait la vôtre, mais que vous rejouez malgré vous.
Vous cherchez une approche thérapeutique qui ne vous réduit pas à un symptôme, mais qui accueille la complexité de votre être, dans ses dimensions psychiques, relationnelles, corporelles et symboliques.
Vous sentez qu’il est temps de reprendre votre place dans votre histoire, dans votre lignée, dans vos choix — avec clarté, solidité et liberté.

La psychothérapie systémique n’est pas une technique parmi d’autres. C’est une façon radicalement différente de comprendre votre mal-être : non plus comme une faille personnelle, mais comme le reflet d’un déséquilibre dans vos liens — passés ou présents, visibles ou invisibles.

Elle s’adresse à celles et ceux qui vivent des problèmes de couple récurrents, une souffrance familiale difficile à nommer ou encore un symptôme persistant (anxiété, fatigue, blocage relationnel) dont ils sentent intuitivement qu’il ne vient pas d’eux seuls.

Cette approche ne vous demande pas d’aller mieux tout seul. Au contraire même. Elle vous invite à écouter ce que votre corps, vos émotions et vos réactions cherchent à dire au nom du système auquel vous appartenez.

Et c’est là que la guérison commence : quand on arrête de se demander “qu’est-ce qui ne va pas chez moi ?” et qu’on commence à poser cette autre question, plus féconde :
“Que se passe-t-il autour de moi, en moi, dans mes liens… que je peux transformer aujourd’hui ?”. C'est d'ailleurs une de mes questions fétiches. 

Pour le dire en d'autres termes, la thérapie systémique vous aide à retrouver votre juste place, à vous libérer des rôles imposés et à réinventer vos liens de manière plus vivante, plus consciente et plus apaisée.

Bibliograhie

• Ancelin Schützenberger, Anne

Aïe, mes aïeux ! : Liens transgénérationnels, secrets de famille, syndrome d’anniversaire, transmission des traumatismes, Paris : Desclée de Brouwer, 1993.

• Barus-Michel, Jacques

La construction du sujet : entre clinique et culture, Paris : Dunod, 2002.

• Bateson, Gregory

Vers une écologie de l’esprit : anthropologie, psychiatrie, épistémologie, Paris : Seuil, 1977.

• Bertalanffy, Ludwig von

Théorie générale des systèmes : Fondements, développement, applications, Paris : Dunod, 1973 (traduction française).

• Cyrulnik, Boris

Mémoire de singe et paroles d’homme, Paris : Odile Jacob, 2022.

• de Gaulejac, Vincent

La névrose de classe : Trajectoire sociale et conflits d’identité, Toulouse : Érès, 2009 (éd. originale 1987, Hommes et Groupes).

Les sources de la honte, Paris : Desclée de Brouwer, 2021.

• Gaillard, Jean-Paul

Psychopathologie et thérapie familiale, Toulouse : Érès, 2008.

• Melchior, Thierry

L’homme relationnel : une thérapie du lien, Paris : Seuil, 2009.

• Mélo, Dominique

L’approche systémique en question : Penser et pratiquer le lien thérapeutique, Toulouse : Érès, 2007.

• Pluymaekers, Jacques

Le thérapeute systémicien : Complexité, posture et intervention, Toulouse : Érès, 2018.

• Satir, Virginia

Thérapie familiale : Comment aider les familles à changer, Paris : Éditions de l’Homme, 1978 (traduction française).

• Watzlawick, Paul

Une logique de la communication, Paris : Seuil, 1972.

• White, Michael & Epston, David

Les pratiques narratives, Bruxelles : De Boeck, 2005 (éd. originale 1990, Narrative Means to Therapeutic Ends).

• Wittezaele, Jean-Jacques & Garcia-Rivera, Teresa

À la recherche de l’école de Palo Alto : Une autre logique, Toulouse : Seuil / Érès, 2007.