Féminisme et fantasmes de soumission : peut-on être une femme libre et jouir d’être dominée ?
"Je suis féministe. Je lutte pour l’égalité. Je veux des relations conscientes et respectueuses.
Mais dans l’intimité, j’ai besoin de me sentir soumise. J’ai envie d’être prise. D’être dominée. Est-ce que quelque chose cloche chez moi ?".
Cette phrase, je l’entends régulièrement dans mon cabinet. Elle révèle un paradoxe intime qui touche de plus en plus de femmes conscientes, engagées, puissantes. Comment comprendre cette tension entre le désir de liberté et celui d’abandon ? Est-ce une contradiction ? Une trace du patriarcat ? Ou une voie vers la transformation ?
Dans cet article, j’explore ce paradoxe fertile à la lumière de la psychologie, de la sexothérapie, de la psychanalyse, de la sociologie du genre et de l’approche transpersonnelle. Afin d’éclairer cette tension, je mobilise ici :
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la psychologie clinique et les théories de l’attachement (Bowlby, Guédeney),
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la psychanalyse (Freud, Estés) et la question de la compulsion de répétition,
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la sociologie du genre (Froidevaux-Metterie) et la performativité du pouvoir,
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la neuro-sexologie (polyvagale, neuro-endocrine) expliquant l’effet de l’adrénaline et de l’ocytocine,
-
l’approche transpersonnelle, où l’érotisme devient passage de conscience.
Pour regarder de plus près que, finalement, ce qui se joue dans la chambre est peut être… profondément politique, symbolique et, possiblement - ou pas - guérisseur.

I. Sexualité féminine et fantasmes de soumission : un désir fréquent, encore tabou
1.1. Une majorité de femmes concernées
Les études sont claires :
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Selon Joyal et al. (Journal of Sex Research, 2015), 64 % des femmes ont déjà fantasmé la soumission.
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52 % aimeraient que leur partenaire prenne le contrôle dans leurs rapports.
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20 % ont déjà exploré des pratiques BDSM (Bondage, Discipline / Domination, Soumission/ Sadisme, Masochisme).
Ce fantasme n’est donc ni marginal, ni honteux. Il traverse toutes les classes sociales, orientations sexuelles et appartenances culturelles. Pourtant, il demeure tabou… car il semble contredire le discours de l’égalité et de l’émancipation féminine.
1.2. Le fantasme n’est pas la réalité
Pour aller plus loin, il est essentiel de rappeler que le fantasme n’est pas la réalité. Comme le rappelle Thérèse Hargot (2022) :
"Le fantasme sexuel n’est pas une réalité sociale. C’est un espace de transgression intérieure."
Autrement dit, jouir d’être dominée ne signifie pas vouloir être infériorisée ou être inférieure. C’est une manière de vivre, dans un cadre intime et sécurisant, la tension entre contrôle et lâcher-prise, entre maîtrise et abandon. C'est un théâtre intérieur où se rejouent tension, confiance, métabolisme du stress et quête d’extase. Pour le dire encore autrement, c'est une mise en scène, souvent symbolique, parfois réparatrice.
1.3. Les fondements neuro‑hormonaux
Lorsque l’on s’abandonne sous contrainte consentie, le pic d’adrénaline (lié à la mise en scène de danger) est immédiatement suivi d’une décharge d’ocytocine et d’endorphines au moment du relâchement ("cycle excitation‑sécurité").
Résultat : un sentiment d’extase profonde, de fusion, parfois de transe légère.
Nota : on peut également atteindre un état d'extase profond avec d'autres pratiques sexuelles.

II. Distinguer soumission subie, désirée, rituelle ou toxique
2.1. Clarification terminologique : quatre formes de "soumission"
Pour éviter les confusions, il est fondamental de distinguer les différentes expériences de soumission, afin de sortir des amalgames souvent nuisibles :
Soumission |
Description clinique |
Effet psychique |
Indicateur clé |
Subie |
Imposée, absence de non |
Traumatique |
Dissociation, peur |
Intériorisée |
Norme patriarcale incorporée |
Maintenance du statu quo |
Culpabilité, devoir conjugal |
Érotique choisie |
Consentement actif, mot d’arrêt |
Régulation du stress, plaisir |
Sentiment de maîtrise paradoxale |
Rituelle / transpersonnelle |
Mise en scène sacrée, polarité énergétique |
Expansion de conscience |
États modifiés, sentiment d’unité |
2.2. 2 exemples très nuancés
Deux exemples, deux différences distinctes :
- Samira, 37 ans, manager intermédiaire dans une collectivité territoriale, qui adhère aux approches féministes : "je contrôle beaucoup de choses dans ma vie. Dans ma sexualité, j’ai besoin que quelqu’un d’autre prenne les rênes. Je fantasme d’être attachée, mais c’est moi qui décide où, quand, comment. C’est ma manière à moi de lâcher."
Dans son cas, la pratique du BDSM est une pratique consciente, encadrée, avec un mot de sécurité. On pourrait dire que c'est une soumission érotique choisie et que cette pratique sert une forme de quête d’unité intérieure.
- Pauline, 39 ans, chef de projet dans une entreprise de la tech, qui adhère aux principes du féminisme et qui a été victime d’inceste non verbalisé : "je ne sais pas pourquoi, mais je cherche toujours des rapports brutaux, où je suis rabaissée. Et après, je pleure. Je me sens sale. Mais j’y retourne."
Ici, la sexualité est le lieu d’un trauma non symbolisé, qui s’exprime sans cadre. La soumission subie répétée est une répétition inconsciente, douloureuse, compulsive, signal d’un trauma non intégré.

III. BDSM : entre pouvoir symbolique et co-création érotique
3.1. Quand le pouvoir change de camp
Le BDSM n’est pas un défouloir. C’est une ritualisation symbolique du pouvoir, qui repose sur un socle inaliénable : le consentement explicite, actif, réversible.
De ce fait, le BDSM ne reproduit pas automatiquement la domination masculine. Au contraire, il peut même parfois la rejouer pour mieux la transformer. A ce sujet, Camille Froidevaux-Metterie dans Seins, en quête d’une libération (Anamosa, 2018) et Un corps à soi (Seuil, 2021) parle "d'insubordination érotique" : une manière de reprendre le pouvoir sur des scénarios de soumission en les ritualisant, en les sécurisant. Avec ce concept, elle développe l'idée selon laquelle certaines femmes, en assumant consciemment des pratiques érotiques de soumission, s’engagent paradoxalement dans une forme d’insubordination aux normes dominantes de la sexualité hétéronormée et patriarcale.
"Ce n’est pas parce que je suis attachée que je suis soumise. C’est moi qui donne la clé. "
Et dans ce sens, cela change tout. Cela devient un geste transgressif, non pas contre les hommes, mais contre les attentes sociales sur la “bonne” sexualité féminine (gentille, romantique, passive mais pudique, douce mais respectable). La femme soumise reprend l’architecture du pouvoir pour mieux la déjouer. Le droit inaliénable de dire STOP renverse la hiérarchie classique.

3.2. Le rôle du partenaire dominant
Dans une sexualité consciente, réparatrice et libre, le dominant n'est pas celui qui impose. C’est celui qui contient, ajuste, écoute et guide en conscience.
Un partenaire véritablement dominant est émotionnellement régulé : il n’a pas besoin de dominer pour exister, ni pour compenser une blessure narcissique. Il sait que la scène se construit avec l’autre, que le désir de soumission est une offrande de confiance, et qu’il est responsable du cadre, de la sécurité, du rythme et de la lecture émotionnelle. Le partenaire dominant perçoit les micro-signes du corps, les hésitations, les arrêts subtils. Il ne cherche pas à "tenir plus longtemps" ou à "aller plus loin" mais à être au plus juste de l’instant.
Un dominant véritable, c'est :
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Régulation émotionnelle - Il reste disponible (Cf. en état de tonus vagal ventral selon repérage avec théorie polyvagale), capable de ralentir dès les premiers signaux de submersion de sa partenaire.
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Cadre explicite - Contrat, limites, safe-word, rituels d’entrée/sortie (opening/after-care). Plus la structure est claire, plus l’inconscient peut se détendre.
-
Co-création - La scène est écrite à deux ; il ne s’agit jamais d’imposer mais de guider.
La dominance consciente est un service, pas une prise de pouvoir.
Le BDSM repose ainsi sur un socle inaliénable : le consentement explicite, actif, réversible. Ce cadre peut inclure un contrat, un mot de sécurité, une ritualisation d’entrée et de sortie, un temps d’intégration post-scène.
Plus le cadre est clair, plus l'inconscient peut s'y abandonner.
Dans une scène BDSM saine, rien n’est imposé. Tout est co-créé. La domination devient une forme d’amour actif, où l’un guide pour permettre à l’autre de se déployer, de se délier, parfois de se délivrer.
Émilie, 42 ans et Thomas, 45 ans, en sont un exemple vivant. Ils ont instauré des rituels précis :
- avant chaque scène : recentrage (yeux dans les yeux, méditation),
- pendant : une ritualisation d’entrée et de sortie (ex. : regard, phrase, geste symbolique) avec mot de sécurité,
- après : cocooning.
Quand Thomas lui bande les yeux et lui attache les pieds et les mains, ce n’est pas pour la priver de sens, mais pour qu’elle ressente plus. Car elle sait qu’il la voit.
La véritable dominance érotique nécessite un masculin intégré, capable d’humilité, de contenance, de lecture émotionnelle fine. Il ne prend pas le pouvoir : il le tient pour deux. Nuance.

3.3. Masculinité blessée vs masculinité intégrée
De la domination toxique à la dominance consciente : un enjeu majeur pour les hommes
Dans une société encore traversée par des modèles masculins rigides, beaucoup d’hommes associent la domination à :
-
la prise de contrôle,
-
la performance,
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la virilité prouvée par la force.
Mais cette vision est souvent un refuge du masculin blessé, qui confond puissance et domination, et désire sans savoir contenir.
Masculinité blessée : besoin de prouver, peu d’empathie, dissociation de ses propres peurs.
Masculinité intégrée : humilité, écoute somatique, capacité à contenir sans écraser.
La véritable dominance érotique nécessite un masculin intégré, capable d’humilité, de régulation, de contenance et de lecture émotionnelle fine. Elle n’est jamais l’expression d’un besoin de prise de pouvoir… mais d’un amour assez solide pour être le support du lâcher-prise de l’autre.
3.4. Et dans les couples queer ?
Ces dynamiques ne concernent pas uniquement les couples hétéros.
Les femmes lesbiennes, bisexuelles ou non-binaires explorent aussi des pratiques BDSM, où les rôles ne sont pas liés aux genres mais aux polarités énergétiques. Idem pour les hommes homosexuels par exemple.
Là encore, ce n’est pas le genre qui domine. C’est le désir qui guide.

IV. Le fantasme de soumission : guérison ou compulsion ?
À ce stade de la réflexion, une question essentielle émerge : comment différencier un fantasme qui libère d’un scénario qui enchaîne ?
Autrement dit, quand le corps cherche-t-il à s’ouvrir… et quand rejoue-t-il une blessure qu’il ne parvient pas à digérer ?
4.1. Le risque de rejouer un trauma plutôt que de le transformer
Certaines femmes vivent leur sexualité comme un espace de jouissance… mais aussi de confusion.
En consultation, certaines femmes me disent :
"Avec le temps, je me rends compte que j'ai finalement toujours fantasmé la soumission. J’ai l’impression que je ne peux jouir qu’à cette condition."
Et pourtant, quand nous explorons ensemble ce qui se passe juste après l’acte - le silence intérieur, les sensations, les pensées - une autre vérité se dessine : une part d’elles se sent vide, confuse, honteuse.
Ce n’est pas du plaisir. C’est un soulagement de tension. Et cela recommence. Encore.
C’est ce que la psychanalyse nomme la compulsion de répétition : un scénario inconscient où l’on rejoue ce qui nous a blessées, non pour le guérir, mais pour essayer de le maîtriser, sans jamais y parvenir pleinement.
Ce n’est pas parce qu’un fantasme excite qu’il est réparateur. Parfois, il nous enferme en anesthésiant la blessure… sans la transformer.
Nota : la compulsion de répétition, c’est quoi ?
Décrite par Freud, puis reprise par Alice Miller, la compulsion de répétition désigne le besoin inconscient de rejouer une scène douloureuse, non pas pour la guérir, mais pour tenter de la contrôler… sans y parvenir.
Exemples :
-
Fantasmer d’être prise de force… sans pouvoir dire stop.
-
Se sentir vide après le rapport, honteuse ou dissociée.
-
Ne pas pouvoir jouir autrement.
3 critères que j’utilise en sexothérapie pour aider à faire la différence pour différencier jouissance réparatrice et agir traumatique :
Critère |
Jouissance réparatrice |
Compulsion traumatique |
Consentement |
Choix libre, mot de sécurité respecté, cadre explicite |
Consentement flou ou mimétique, mot de sécurité non utilisé |
État post-sexe |
Vitalité, unité, confiance, douceur intérieure |
Malaise, honte, dissociation, besoin de compenser |
Cadre de la scène |
Clarté, conscience, co-création |
Impulsion automatique, évitement, tabou ou silence |
Nota : ce tableau n’est pas un jugement. Il est un miroir thérapeutique.
Il permet à chaque femme de se demander : est-ce que je m’offre ou est-ce que je me rejette pour être aimée ?

Voici les 3 balises thérapeutiques pour aider à faire la distinction :
1. Est-ce que je peux dire NON, changer d’avis, poser une limite ?
La jouissance réparatrice inclut la liberté. Si la mise en scène ne laisse plus d’espace pour poser ses bords, c’est un signe de possible compulsion.
2. Après la scène, est-ce que je me sens plus vivante, plus aimée, plus connectée ?
Un fantasme guérisseur laisse une sensation d’unité intérieure, même s’il a été intense. Une répétition traumatique laisse un goût amer, de solitude, ou un besoin de se "réancrer".
3. Est-ce que je ressens une montée de conscience ou une forme d’automatisme ?
Quand le fantasme devient une obligation inconsciente, un rituel figé, ou qu’il s’impose toujours de la même manière, il est probablement lié à une trace non intégrée.
4.2 Traverser pour ne plus répéter
Le trauma n'est pas le fantasme, mais il peut le colorer
Le trauma, comme le rappelle le Dr Gabor Maté, "n’est pas ce qui nous arrive. C’est ce qui reste figé en nous après ce qui nous est arrivé." Dans ce sens, certains fantasmes sexuels ne sont pas des déviances ou des anomalies, mais des cartographies érotiques de notre mémoire traumatique. Ils révèlent là où le corps cherche à rejouer un moment où il n’a pas pu dire non, fuir ou être protégé.
Autrement dit, le problème, ce n’est pas le fantasme en soi mais le fait de s’y figer comme dans une scène sans issue. Le problème, c’est quand le corps est resté bloqué dans le scénario, sans alternative intérieure.
En sexothérapie, la guérison devient alors possible grâce à :
-
La mise en conscience / en mots de ce qui se rejoue,
-
Le retour de la souveraineté dans la scène (mot de sécurité, arrêt possible, verbalisation),
-
La possibilité de réécrire une scène similaire, mais avec une fin différente et dans un cadre thérapeutique,
-
La restauration d'une souveraineté intérieure, là où le corps devient un espace d’alliance et non de trahison,
"Le trauma n’est pas l’événement. C’est ce qui reste figé dans le corps." - Dr Gabor Maté
Ce que dit le corps, c’est la vérité.
Si la scène laisse une ouverture, une douceur, une puissance retrouvée, alors c’est un chemin.
Mais si elle referme la blessure en la durcissant… alors c’est un appel à revenir à soi.Et c’est là que commence souvent le vrai travail thérapeutique : rendre au fantasme sa liberté, au corps son intégrité, à l’âme sa dignité.

V. Le sexe comme espace d’éveil féminin
5.1. Intégrer la puissance d’abandon
Et si la soumission érotique n’était pas une faiblesse, mais une porte vers un abandon intérieur sacré ?
Les femmes adeptes des pratiques du BDSM explorent la soumission non comme effacement, mais comme rituel d’ouverture. Le rapport dominant/soumis devient une alchimie énergétique :
-
Le dominant représente l’axe, la structure, la verticalité.
-
Le soumis devient le réceptacle, la fluidité, l’énergie de l’ouverture.
-
Ensemble, ils dansent la polarité sacrée, l’union du feu et de l’eau, de la pénétration et de la réceptivité.
Cette dynamique n’est plus une hiérarchie.
C’est une offrande mutuelle.
C’est une façon (parmi tant d'autres dans la sexualité) d'entrer dans de la transe érotique consciente.
5.2. Réconcilier l’égalité politique et l’abandon érotique
Beaucoup de femmes que j’accompagne me disent qu’elles ont honte de désirer être traversées. Mais en fait, cela montre combien elles confondent passivité et réceptivité, soumission et dévotion, plaisir et perversion.
Or, la sexualité consciente permet de sortir de cette confusion.
Ce n’est pas le fantasme qui est problématique. C’est le degré de conscience avec lequel on le vit.
Une femme peut être :
-
Autonome, indépendante, leader… ET dans le même temps, désirer être contenue, guidée, offerte.
-
Affirmée ET vulnérable.
-
Dominante dans sa vie… ET soumise dans son lit.
-
Féministe ET pénétrée.
-
Autonome ET traversée.
Ce n’est pas une contradiction. C’est une profondeur.
Le paradoxe n’en est pas un. Tout dépend de l’endroit depuis lequel elle choisit.
Ce n’est pas la posture qui compte. C’est la conscience qu’on y met.

FAQ féminisme et BDSM
Peut‑on être féministe et aimer la domination sexuelle ?
Oui, si la domination est choisie, négociée et réversible. Le féminisme prône l’autonomie - y compris celle de disposer de ses fantasmes.
Est-ce que c’est un signe de trauma ?
Pas toujours. Mais parfois, oui. Si le fantasme est compulsif, honteux ou vide, il peut signaler une mémoire traumatique qui cherche à se rejouer.
Observez le ressenti post-acte : vitalité ou vide ? Et votre capacité à dire non au milieu de la scène.
Le BDSM augmente‑t‑il la complicité du couple ?
Lorsqu’il est co-créé, il améliore la communication, la confiance et la régulation émotionnelle mutuelle.
Peut-on être féministe et avoir des fantasmes de soumission ?
Oui. Tant que le désir est libre, conscient, consenti et réversible, il n’y a pas de contradiction. Le fantasme ne reproduit pas forcément l’oppression.
Soumission sexuelle féminine : signe de patriarcat ou d’émancipation ?
Tout dépend du niveau de conscience : sans cadre, elle reproduit la domination ; avec contrat, elle subvertit la norme.
Pourquoi certaines femmes aiment être dominées au lit ?
Parce que cela permet de lâcher prise, de se reconnecter à leur corps, ou de transformer une blessure en puissance. C’est souvent un espace d’intensité et de régulation.
Le BDSM est-il compatible avec le féminisme ?
Oui, à condition qu’il repose sur un contrat clair, un respect mutuel, et une conscience partagée du cadre. Le BDSM féministe est une co-création.
Existe‑t‑il des pratiques BDSM douces pour débuter ?
Oui : le bondage léger, le jeu sensoriel ou encore les scenarios de guidance verbale - toujours avec mot d’arrêt et after‑care.
Soumission et blessures d’attachement : quel lien ?
Une attache anxieuse peut rechercher la contrainte pour sentir la présence. La thérapie aide à différencier besoin sécurisant et répétition blessée.

Conclusion : ni contradiction, ni soumission réelle
Trois vérités à remettre au centre du corps
Dans cet article, il ne s’agit ni d’idéaliser la soumission, ni de la condamner. Si elle apparaît, il s’agit de la mettre au service d’un lien vivant, ancré, co-construit.
1. Un fantasme, ce n’est pas un programme. C’est un langage.
Tu peux ressentir de l’excitation à l’idée d’être dominée, contenue, attachée - sans pour autant avoir besoin de le vivre en pratique.
Tu peux honorer un fantasme en l’écoutant, en le questionnant, en le ritualisant intérieurement, sans jamais l’inscrire dans ta réalité.
Ce qui compte, ce n’est pas ce que tu fais avec ce fantasme. C’est ce qu’il révèle de ta relation au pouvoir, au lien, au corps.
Le fantasme n’est pas une injonction. C’est une trace archaïque de ton histoire, parfois blessée, parfois brûlante de désir. Il ne dit pas qui tu es. Il dit ce que ton corps a retenu, ce que ton inconscient tente de traverser.
2. L’abandon érotique peut être un acte de souveraineté.
Ce que tu appelles “soumission”, peut-être, n’est pas ce que d’autres ont voulu imposer à ton corps.
Ce que tu recherches, ce n’est peut-être pas de te soumettre à un autre. C’est de t’ouvrir à toi, à l’autre, depuis un lieu de sécurité émotionnelle que tu n’as jamais connu. Ce que ce fantasme vient aussi dire que c’est :
-
un besoin de soulager l’hyper-contrôle,
-
une quête de confiance corporelle absolue,
-
une envie d’être tenue là où l’on a toujours dû se tenir seule.
Peut-être que ... Tu ne veux pas te perdre. Tu veux t’abandonner en conscience.
Peut-être que ... Tu veux être vue, contenue, respirée.
Peut-être que ... Tu veux, peut-être, faire confiance jusqu’au bout du corps.
Et cela, ce n’est pas être dominée. C’est vivre une ouverture incarnée, une offrande volontaire, un lâcher-prise sacré, dans un espace où tu restes souveraine.
3. Ce que cela change dans le couple : la naissance d’un lien érotique mature
Quand une femme ose nommer cette part d’elle, dans l’intimité ou en thérapie de couple, le dialogue change.
Le partenaire n’est plus celui qui prend. Il devient celui qui garde l’espace, écoute les limites, soutient la traversée.
Ce que cette mise à nu rend possible :
-
une confiance plus profonde,
-
une communication plus fine des désirs,
-
une danse des polarités, où l’un contient pendant que l’autre s’ouvre - et inversement.
Cela transforme la sexualité en lieu de rencontre, pas de performance. Et pour beaucoup de couples, cela devient le début d’un dialogue érotique sacré.
La soumission devient alors un abandon souverain quand elle est vécue :
-
dans un cadre sécurisé,
-
avec un·e partenaire mature émotionnellement,
-
et dans une lecture symbolique de ce qui se joue…
Et dans cette ouverture, ce n’est pas le pouvoir qui circule. C’est la confiance. C’est le sacré. C’est l’amour incarné.
Et si ce fantasme parlait d’une blessure qui veut enfin être touchée avec amour ?
Dans un certain nombre de situation, ces désirs-là sont liés à une blessure d’attachement. Le besoin d’être contenue, guidée, soumise même, vient parfois d’un manque précoce de sécurité, d’un vide affectif, d’un trop-plein de solitude. Cela ne veut pas dire que tu es cassée. Cela veut dire que ton corps, ton désir et ton imaginaire cherchent à revivre une scène… mais avec une autre issue.
En l’accueillant ainsi, le fantasme de soumission devient parfois :
-
un chemin vers la réparation de la blessure d’abandon,
-
un lieu de régulation émotionnelle profonde,
-
un langage corporel pour dire ce que les mots n’osent pas formuler.
Et c’est là que commence l’accompagnement. Non pas pour juger ce désir, mais pour l’honorer, le traduire et peut-être le réécrire, dans un espace où ton "non" est entendu, où ton "oui" ne coûte pas ta dignité.
Si tu veux transformer la confusion en clarté, le fantasme en chemin d’alignement, je t’accompagne pour explorer cela avec le corps, la conscience, le cœur et la parole. Pour ce faire, trois manières de poursuivre ce chemin vers une relation plus consciente, plus vivante, plus juste :
Les consultations classiques (45 minutes)
Un espace ciblé, en solo ou en couple, pour faire le point, poser vos questions, explorer ce qui bloque.
Idéal pour amorcer un changement ou ouvrir un processus.
Le parcours “Voyage au Cœur de Soi”
Un accompagnement profond et initiatique en 10 séances de 2h pour explorer ton histoire, ton rapport au lien, au corps, au désir, à la loyauté familiale. https://www.neosoi.fr/voyage-au-coeur-de-soi
Le parcours “Traversez la blessure d’amour pour renaître au lien sacré”
Un parcours puissant de réparation, de transmutation du lien blessé vers une nouvelle forme d’amour conscient et incarné. https://www.neosoi.fr/therapie-couple-sexotherapie-bordeaux
Réserve une séance de 45 min ou viens vivre une séance de 2h dans l’un des deux parcours que je te propose pour aller explorer, libérer, transmuter.
Contact direct : https://www.neosoi.fr/contact-neosoi-pessac
Tu n’as pas à te choisir contre toi.
Tu peux être puissante, désirante, contenue et libre d’habiter enfin TA vérité sexuelle.

Sexothérapie et exploration érotique consciente
Dans ma pratique, je reçois chaque semaine des femmes - et des couples - qui me disent :
"Je n’ose pas en parler. J’ai peur qu’on me juge."
"J’ai honte de ce qui m’excite."
"J’aimerais comprendre pourquoi j’ai besoin de ça."
Ce que ces femmes nomment, c’est l’inconfort d’un désir qui semble dissonant avec leur image d’elles-mêmes (le fameux idéal du Moi).
Elles se sentent évoluées, conscientes, puissantes et, pourtant, une part d’elles aspire à être guidée, tenue, contenue. Parfois même, dominée.
En sexothérapie intégrative, nous ne réduisons jamais un fantasme à un symptôme
Un fantasme n’est ni "bon" ni "mauvais". Il est un langage symbolique du corps et de l’inconscient, une tentative de métaboliser une tension :
-
entre contrôle et lâcher-prise,
-
entre fusion et autonomie,
-
entre blessure d’attachement et désir de reliance.
L’explorer en conscience, c’est s’offrir l’espace d’une parole libre, incarnée, régulée.
C’est poser le corps comme boussole thérapeutique, pour écouter ce qu’il dit quand la tête ne comprend plus.
Que faisons-nous concrètement en séance ?
-
Cartographier ton désir : que racontent tes fantasmes ? Que rejouent-ils ? Que transforment-ils ?
-
Identifier les mémoires corporelles : dans quelle scène ton corps a-t-il dû se taire ? Où ton "non" n’a-t-il pas été entendu ?
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Travailler les polarités : quelle part de toi veut être forte ? Laquelle veut se relâcher ? Peut-on les faire dialoguer ?
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Créer un espace de réintégration : par la parole, l’ancrage corporel, la symbolisation et, si nécessaire, par des rituels thérapeutiques.
Une approche qui réunit la parole, le corps, le souffle et le sacré
Je ne sépare jamais la sexualité du psychisme, ni du transgénérationnel, ni de la dimension spirituelle.
Un fantasme peut être :
-
une mémoire d’une blessure qui cherche réparation,
-
une voie de libération pour une femme trop identifiée à sa charge mentale,
-
une invitation à se reconnecter à la puissance du féminin réceptif, trop souvent écrasé par la performance.
La sexothérapie, telle que je la propose, n’est pas un lieu de normalisation du désir.
C’est un espace sacré où ton corps, ton âme et ton histoire peuvent enfin se rencontrer dans la vérité du lien.

Bibliographie
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Chodorow, Nancy. The Reproduction of Mothering : Psychoanalysis and the Sociology of Gender. University of California Press, 1978.
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Froidevaux‑Metterie, Camille. Le corps des femmes : la bataille de l’intime. Philosophie Magazine / Éditions Points, 2018.
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Joyal, C. C., Cossette, A., & Lapierre, V. (2015). What exactly is an unusual sexual fantasy? The Journal of Sex Research, 52(7), 746–758.
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Maté, G. (2022). Le mythe de la normalité : trauma, maladie et guérison dans une culture toxique. Éditions Quanto.
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Salomon, P. (2009). La Femme solaire. J'ai lu.
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Streff, Jean. (2005). Traité du fétichisme à l’usage des jeunes générations. Paris : Denoël.
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Van der Kolk, B. (2018). Le Corps n’oublie rien : Le cerveau, l’esprit et le corps dans la guérison du traumatisme. Éditions Albin Michel.

NeoSoi - Dr Céline BERCION - psychologue sociale et systémique, thérapie de couple et sexothérapie - Bordeaux et visio
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