Infidélité post-partum : quand le désir féminin devient un tabou après la naissance
Quand la maternité fracture le couple et l’histoire familiale
Devenir mère, on le croit naturel. Mais pour beaucoup de femmes, cette transformation est un séisme silencieux. Ce séisme a lieu à la fois dans le corps, dans le lien au partenaire et dans le désir.
Après la naissance, certaines peuvent femmes vivre une étrangeté troublante : alors qu’elles viennent de donner la vie, elles ressentent une forme de mort intérieure. Leur corps devient fonctionnel. Leur couple devient parental. Leur désir devient suspect.
Et parfois, sans comprendre pourquoi, elles cherchent ailleurs : un message, un regard, une peau différente, une respiration plus libre.
Infidèles après un bébé ? Oui, certaines jeunes mères deviennent infidèles après l’accouchement. Et ce phénomène, bien réel, reste l'un des derniers tabous du couple contemporain.
Mais cette infidélité n’est pas toujours un rejet du partenaire. Ce n’est pas forcément un manque d’amour.
C’est souvent un appel à exister à nouveau, autrement.
Et parfois… c’est une tentative inconsciente de rompre avec une lignée de femmes qui se sont sacrifiées.
Dans cet article, je vous propose un autre regard.
En tant que psychologue sociale et systémique, thérapeute de couple, sexothérapeute et spécialiste des états de conscience élargie, je vous invite à comprendre cette infidélité non comme une trahison, mais comme :
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Un symptôme systémique : quand le couple devient un duo parental et que le désir s’efface.
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Une conséquence du énorme tabou social et culturel : dans toutes les sociétés, la mère est sacralisée… et désérotisée.
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Et parfois, un acte transgénérationnel : celui d’une femme qui refuse, sans le savoir, de reproduire le destin féminin transmis.
Loin des jugements et des stéréotypes, cet article vous accompagne à décrypter, comprendre… et peut-être; même réparer ce qui peut-être ressenti comme irréparable.
Parce qu’être mère n’interdit pas d’être femme.
Et que l’infidélité, parfois, dit autre chose qu’un simple éloignement conjugal.

1. Pourquoi la période post-partum fragilise-t-elle autant le lien conjugal ?
La naissance d’un enfant transforme le couple. La naissance ne le transforme pas seulement en surface mais dans ses fondations mêmes.
Voici ce que beaucoup de couple vivent sans jamais oser le dire : après l’arrivée du bébé, le couple change fondamentalement de nature :
- Le couple initial devient un système parental.
- La femme devient mère avant d’être femme.
- Le partenaire devient co-parent avant d’être partenaire.
- Et l’espace conjugal disparaît peu à peu, remplacé par une organisation logistique, émotionnelle et fonctionnelle autour du bébé.
Je le constate chaque semaine dans mon cabinet : on le sait tous, l'arrivée de bébé, ce n’est pas un problème individuel. C’est une désorganisation du système couple. C'est important de le rappeler.
Dans les 6 à 24 mois après la naissance, le couple traverse ce que les études appellent la "période critique conjugale". Selon l’Ifop (2020), 61 % des couples signalent une baisse marquée du désir sexuel après l’arrivée d’un enfant. Une étude longitudinale (Doss et al., 2009) souligne que 44 % des couples vivent une diminution de la satisfaction conjugale dans l’année suivant l’accouchement.
1.1 Le passage du couple conjugal au couple parental
Dans les premiers mois après l'accouchement :
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Les partenaires cessent progressivement de se voir l'un l'autre.
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Le lien émotionnel devient fonctionnel : "As-tu donné le bain ?", "Tu peux préparer le biberon ?", "C'est à ton tour de te lever".
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La communication affective se fige.
Le couple devient un binôme parental, un "équipage", comme le nomme Nicole Prieur.
C'est l'heure de la surcharge mentale maternelle. La mère devient ainsi la figure de tous les soins. Le temps et l’espace psychique pour la femme s'amoindrissent comme peau de chagrin ; le couple et le désir s’effacent.

1.2. Le corps féminin devient outil
Pour la femme, cette bascule est radicale :
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Le corps maternel devient une sorte de territoire fonctionnel : allaitement, soins, fatigue, douleurs, épuisement.
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L’image corporelle s'est radicalement transformé lors de la grossesse et post-accouchement : prise de poids, cicatrices, épuisement somatique.
Ce corps, autrefois désiré, devient un outil de survie pour l’enfant. Il cesse d’être - pour un temps incertain et indéfini - un espace de plaisir.
1.3. La disparition du regard de l’autre
Dans ce contexte, le regard du partenaire change forcément :
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Il voit une mère.
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Il protège un corps fatigué.
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Il se sent exclu du lien fusionnel mère-bébé.
Le désir s’éloigne, non par manque d’amour, mais par désorganisation relationnelle.
L’intimité décline. Le lien émotionnel se rétracte. Le partenaire devient co-parent plus que soutien affectif ou amant.

1.4. Un héritage familial souvent silencieux
Pour beaucoup de femmes, cette transition de vie n’est pas neutre. Elle va réactiver des loyautés transgénérationnelles invisibles :
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Si leur mère s’est sacrifiée après la naissance.
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Si les femmes de leur lignée ont vécu leur corps comme un outil ou encore leur maternité comme une disparition.
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Si le rôle de mère a toujours signifié la perte du rôle de femme.
Dans ce contexte, la jeune mère peut ressentir :
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Une obligation implicite à s'effacer, au nom d'un modèle hérité.
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Ou, à l’inverse, une colère sourde : "Je refuse de devenir comme ma mère".
Comme l’écrit Anne Ancelin Schützenberger :
"Nous sommes souvent plus loyaux à nos aïeux qu’à nous-mêmes."
1.5. Pourquoi cette période est-elle si propice à l’infidélité ?
Chercher ailleurs - un regard, un espace, un souffle - devient alors possiblement une tentative inconsciente non pas de trahir, mais de survivre.

2. Ce que la biologie nous apprend : le cerveau maternel redirige le désir
Après l’accouchement, le corps féminin subit une transformation neurobiologique profonde. Ce n’est pas seulement psychologique. C’est physiologique, plus précisément hormonal.
Le cerveau maternel se réorganise littéralement autour de la survie du bébé. Cette réorganisation, adaptative au départ, devient parfois un piège identitaire et sexuel.
3 hormones jouent un rôle majeur :
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Prolactine → inhibe le désir sexuel.
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Ocytocine → favorise la fusion mère-bébé.
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Chute des œstrogènes → entraîne fatigue, baisse de libido et sécheresse vaginale.
Le cerveau maternel se réorganise autour du lien à l’enfant. Forcément.
Mais cette phase, utile biologiquement, devient un piège quand elle s’installe dans la durée.
Comprendre ces phénomènes, c'est se prémunir contre des passages à l'acte, dont l'infidélité émotionnelle, afin de traverser cette période avec davantage de conscience
2.1. La prolactine : nourrir… au détriment du désir
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La prolactine est l'hormone de la lactation.
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Elle favorise l’allaitement, la protection, le recentrage sur le bébé.
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Mais elle a un effet inhibiteur sur la libido.
Quand la prolactine est élevée, le corps “comprend” que l’urgence n’est pas à la reproduction… mais à la survie du nourrisson.
Résultat : le désir sexuel s’efface. Pas par choix, mais par adaptation biologique.

2.2. L’ocytocine : attachement… mais au bébé
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L'ocytocine est surnommée l’hormone de l’amour.
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Après l’accouchement, elle lie la mère à son bébé.
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Elle favorise l’attachement, le soin, la proximité corporelle… mais au détriment du partenaire.
Le cerveau maternel est biologiquement recentré sur un seul lien : celui avec l'enfant.
2.3. La chute des œstrogènes : un corps fermé
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Après l’accouchement, le taux d'œstrogènes chute brutalement.
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Cette chute entraîne :
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Sécheresse vaginale.
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Fatigue intense.
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Baisse globale de la libido.
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Le corps, physiologiquement, devient un territoire défensif, non un lieu d’ouverture.
2.4. Le cerveau maternel : un cerveau réorganisé
Les neurosciences ont montré que :
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Le cortex préfrontal (gérant l’anticipation et la planification) se réorganise autour du soin au bébé.
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Les circuits de la motivation et de la récompense sont orientés vers le lien maternel.
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Le système de dopamine, associé au plaisir sexuel, est saturé ailleurs.
En clair : le cerveau maternel n'est plus disponible au désir conjugal.
Tout l'enjeu d'un travail thérapeutique est d'expliquer / faire comprendre ces mécanismes neurobiologiques. Cela permet :
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De déculpabiliser la femme : ce qu’elle vit n’est pas un dysfonctionnement personnel.
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De normaliser l’absence de désir.
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De proposer des pistes pour réintégrer progressivement le corps dans une dynamique érotique, sans forcer.

3. Pourquoi certaines femmes deviennent-elles infidèles après bébé ?
Dans un tel cataclysme biopsychosocial, pourquoi cette souffrance reste-t-elle aussi silencieuse ? Pourquoi tant de jeunes mères s’isolent dans leur solitude affective, leur fatigue sexuelle, leur corps déserté ?
J'ai envie de réponde de façon simple à ces questions complexes : parce que notre société - comme beaucoup d’autres a inscrit dans l’inconscient collectif une interdiction invisible : une mère ne doit plus désirer.
3.1. Dans toutes les cultures, la mère est sacralisée… et désérotisée
Partout dans le monde, les sociétés ont construit une règle implicite : après avoir donné la vie, une femme ne doit plus être un corps désirant.
Cette règle n’est pas propre à la France. Elle traverse les âges et les cultures. Elle prend des formes différentes, mais toujours autour du même principe : le corps maternel appartient à l’enfant, au groupe, au sacré.
Il n’appartient plus à la femme elle-même.
Tous les travaux de recherches convergent vers ce même constat : dans plus de 300 sociétés traditionnelles étudiées par les anthropologues (Godelier, 1982 ; Héritier, 1996), la sexualité post-partum est strictement encadrée. Après la naissance, le corps de la femme est :
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Un outil biologique (allaiter, porter, apaiser).
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Un symbole culturel (la "bonne mère”").
D’un point de vue anthropologique, le corps maternel est confisqué :
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Par le bébé.
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Par le couple devenu parental.
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Par les normes sociales.
La féminité devient suspecte. Le désir devient un problème. En France, le tabou est certes moins explicite, mais, malgré tout, tout aussi présent. Dans le couple, même si le partenaire aime, il peut inconsciemment :
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Sacraliser la mère qu’il voit.
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Désérotiser la partenaire qu’il connaissait.
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Se protéger, lui aussi, du tabou social.
Dans ce sens, la désorganisation conjugale est donc aussi culturelle : le couple "incorpore" cette règle silencieuse "Nous ne pouvons plus nous désirer. Ce serait mal".
C’est un tabou social majeur, qui isole les femmes dans leur sexualité.

3.2 Le désir maternel : un tabou universel ? Regards interculturels
Dans les sociétés traditionnelles : sexualité interdite
Selon les travaux de Maurice Godelier (La production des grands hommes, 1982), dans de nombreuses sociétés mélanésiennes :
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La jeune mère est considérée comme "impure".
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Les rapports sexuels sont interdits pendant plusieurs mois, voire plusieurs années après la naissance.
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Le couple cesse d’exister en tant que tel.
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Le corps maternel devient corps social, destiné uniquement au soin de l’enfant.
En Afrique de l’Ouest : la mère devient un corps communautaire
Dans certaines sociétés ouest-africaines, comme l’a montré Françoise Héritier, la femme qui accouche :
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Est entourée uniquement de femmes.
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Doit éviter tout contact avec son conjoint durant une longue période post-partum.
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Devient mère avant d’être épouse.
La sexualité est considérée comme un danger pour le développement du nourrisson.
En Inde : purification obligatoire du corps post-partum
Après l’accouchement, dans de nombreuses communautés indiennes :
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La jeune mère est considérée comme impure.
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Elle subit un rituel de purification avant de pouvoir retourner auprès de son mari.
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Le lien conjugal est suspendu, voire interdit, tant que le rituel n'a pas eu lieu.
Là encore, le désir conjugal est considéré comme incompatible avec la maternité récente.
En Europe chrétienne : la maternité efface la sexualité
Jusqu’à récemment dans la culture chrétienne occidentale :
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Le corps maternel est valorisé comme sacré, mais désexualisé.
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La "bonne mère" doit s’occuper de ses enfants et renoncer à son plaisir.
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La femme qui revendique son désir est encore souvent vue comme égoïste ou déviante.
Dans les couples contemporains, ces normes restent inscrites dans les corps, même inconsciemment.
Même dans les couples non hétéronormés (parentalité queer) :
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La personne ayant porté l’enfant peut être désérotisée par son ou sa partenaire.
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Le corps maternel devient fonctionnel et un territoire sacralisé.
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Le partenaire non gestant peut ressentir un respect, une distance, voire une peur de "profaner" ce corps devenu maternel.
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Le désir devient une question complexe, voire problématique.
Le tabou du désir maternel transcende les orientations sexuelles. On le voit dans les travaux de recherches menés sur le sujet : le tabou du désir maternel agit même hors du cadre hétéronormé.

3.3 Ce que révèle cette infidélité : un déséquilibre systémique, pas une faute morale
Derrière ces différences culturelles, on trouve un invariant anthropologique :
- La sexualité maternelle est suspendue, interdite, ou dévalorisée après la naissance.
- Le corps féminin devient propriété de l’enfant, du groupe, ou du sacré.
Quand une jeune mère ose :
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Ressentir du désir.
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Chercher ailleurs.
-
Revendiquer son corps.
Elle transgresse une loi sociale implicite. Elle devient l'incarnation d’une rébellion silencieuse : "je veux être mère ET femme".
Nota : Il ne s’agit pas ici de justifier ou de légitimer l’infidélité. Mais de la comprendre comme un symptôme relationnel, une tentative de survie psychique et corporelle, dans un couple devenu parental et un corps devenu fonctionnel.
Pour le dire autrement : en tant que psychologue sociale et systémique, dans cette situation - sans aller jusqu'à l'infidélité sexuelle, ce que j'y vois c'est une femme coupée d’elle-même, cherchant maladroitement un espace où redevenir sujet dans son corps et son lien.
Nommer ce poids culturel en thérapie permet de :
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Déculpabiliser la femme dans son vécu actuel.
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De lui permettre de revendiquer son désir sans honte.
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D’ouvrir un espace thérapeutique où le corps maternel peut redevenir un corps vivant et désirant.
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Travailler le poids de l’inconscient collectif dans la désorganisation du couple.
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Aider le partenaire à comprendre pourquoi son propre désir s’est aussi effacé.

Ce travail thérapeutique est donc à la fois :
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Clinique (lutte contre la honte sexuelle).
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Anthropologique (déconstruction des normes).
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Systémique (réorganisation du couple autour d'un espace conjugal réel).
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Transgénérationnel (rompre avec l’héritage des femmes sacrifiées).
En thérapie, je rappelle que l’infidélité post-partum n’est pas une faute individuelle. C’est souvent :
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Le symptôme d’un système couple désorganisé.
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Un appel au réajustement du lien émotionnel, sexuel et existentiel.
-
Un mouvement parfois hérité du passé familial, lorsqu’il n’a pas été conscientisé.

4. Le partenaire : un témoin blessé dans un couple désorganisé
Face à l’infidélité post-partum, il y a l’autre : le partenaire, souvent désemparé, avec la sensation d'être exclu du lien fusionnel mère-bébé, souvent blessé voire meurtri. Il est parfois accusé, parfois coupable de ne rien avoir vu.
En tant que thérapeute de couple, je le répète : l’infidélité dans cette période n’est pas une trahison simple à juger. C’est un symptôme d'un système relationnel devenu dysfonctionnel, dans lequel le partenaire a été acteur, souvent malgré lui.
4.1. Le partenaire : exclu du lien maternel, perdu dans son rôle parental
Après la naissance, le partenaire peut basculer bien malgré lui :
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Co-parent avant d’être compagnon ou amant.
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Soutien logistique avant d’être soutien affectif.
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Spectateur du lien fusionnel mère-bébé.
Dans ce nouveau système familial, il peut ressentir :
- Une forme d’exclusion émotionnelle.
- Un vide sexuel, qu’il ne sait pas interpréter.
- Une perte de place dans le couple.
Par loyauté ou par épuisement, beaucoup d'hommes se taisent. Et cessent alors d’exister eux aussi dans le système conjugal.
Il est alors essentiel de travailler ces co-constructions, sans désigner de "coupable".
Pour le dire autrement ... Dans ce processus, on assiste à une sorte de désérotisation inconsciente. Le partenaire ne voit plus la femme derrière la mère. Par peur de blesser. Par respect. Par influence du tabou culturel aussi ("On ne touche pas une mère").
Sa propre sexualité se fige.Pas par désamour. Mais par dérive du système couple. Dans cette désorganisation, il devient acteur silencieux de l’isolement de l’autre.
4.2 Dans cette désorganisation, il devient acteur silencieux de l’isolement de l’autre.
En séance, le partenaire dit souvent les choses de cette façon :
"Mais je l’ai soutenue, je l’ai aidée… Pourquoi m’a-t-elle trahi ?"
"Je pensais qu’on était un couple solide".
Sa blessure est réelle. Il vit la double peine :
-
Être trompé.
-
Et se sentir coupable de n’avoir pas vu, ni compris.
Dans approche systémique, le partenaire n’est ni le coupable du symptôme, ni une victime passive. Il est un élément du système désorganisé. Sa désorientation, son retrait affectif, sa désérotisation de la partenaire ont participé, inconsciemment, à créer le vide dans lequel l’infidélité a surgi.
Ce n’est pas une faute. C’est une co-construction.
Tout l'enjeu du travail thérapeutique avec le partenaire consiste ainsi à :
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Valider et reconnaître sa souffrance réelle.
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Sortir du discours moral ("C’est elle qui a fauté").
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Le réintégrer comme acteur du lien, non comme simple spectateur de l’infidélité.
-
L’aider à reconstruire un regard désirant, sans peur ni culpabilité.

5. Comment réparer le lien après une infidélité féminine post-partum ?
L’infidélité post-partum n’est pas toujours la fin du couple. Elle peut devenir un tournant.
Elle peut devenir un appel à se réorganiser, à se retrouver, à réhabiter le lien, le corps et la parole.
Mais pour cela, il est nécessaire de sortir du discours moral ("Tu m’as trahi") et comprendre le symptôme comme un processus systémique.
En tant que thérapeute, je propose une approche en trois axes : individuelle, conjugale et transgénérationnelle.
5.1 En individuel : pour la femme infidèle, un travail de réappropriation corporelle et identitaire
Objectif : redevenir sujet dans son corps et son désir.
1. Psychoéducation hormonale et corporelle
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Expliquer les effets du post-partum sur le corps et le cerveau.
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Déculpabiliser : son absence de désir était biologique et contextuelle, pas pathologique.
2. Travail corporel et sensoriel
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Respirations conscientes, auto-massages, réappropriation sensorielle du corps.
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Exercices d’ancrage : retrouver un contact vivant et doux avec son bassin, sa poitrine, ses cuisses.
3. Narration identitaire
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Qui suis-je devenue après avoir donné la vie ?
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Quelle part de moi ai-je sacrifiée au rôle de mère ?
4. Travail transgénérationnel
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Explorer l’histoire féminine transmise.
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Identifier les loyautés invisibles ("Suis-je devenue comme ma mère ?")
-
Ritualiser la rupture symbolique : "je vous rends ce sacrifice".
Nota : le corps peut être le lieu de mémoire. Selon Didier Dumas (Les fantômes de l’âme, 1985), le corps porte les marques de l’histoire familiale. Et certaines femmes rejouent inconsciemment le destin sexuel ou amoureux de leur lignée. L’infidélité peut alors être un geste de libération, ou au contraire, une rejouissance silencieuse d’un passé non digéré. Ceci est une lecture et non une justification.

5.2. En thérapie de couple : restaurer l’espace conjugal et sensoriel
Objectif : réorganiser le système couple et restaurer le lien.
1. Accueillir la blessure du partenaire
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Valider sa douleur.
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Expliquer que l’infidélité n’est pas un rejet personnel, mais un symptôme du système.
2. Recréer un espace conjugal distinct de la parentalité
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Moments “couple” hors logistique.
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Reconnexion émotionnelle par des exercices simples (dialogues du cœur, pratiques de gratitude).
3. Redéfinir le regard
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Le partenaire travaille à retrouver un regard désirant, au-delà de la mère qu’il voit.
4. Réapprivoiser le corps dans le couple
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Toucher non sexuel.
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Jeux sensoriels (caresses lentes, mains posées, respiration ensemble).
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Le but n’est pas le rapport sexuel : c’est la reconnexion sensorielle.
5.3. Travail sur le système élargi : tabou social et héritage culturel
Objectif : nommer les interdits invisibles pour s’en libérer.
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Déconstruire le tabou du désir maternel.
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Travailler l’influence des normes culturelles sur la désorganisation du couple.
-
Ritualiser la sortie du modèle hérité : "je peux être mère ET femme à la fois".

Conclusion
Quand une femme devient mère, elle croit souvent que sa vie commence vraiment. Mais pour beaucoup, c’est une disparition silencieuse qui commence aussi.
Le corps devient un outil.
Le couple devient une organisation.
Et le désir, un souvenir.
Dans ce vide, certaines cherchent ailleurs.
Non pas pour trahir, mais pour se retrouver.
Loin des jugements faciles, l’infidélité après un bébé ne peut être réduite à une faute individuelle ou à une défaillance conjugale. Elle est souvent :
-
Le symptôme d’un couple qui s’est perdu dans la parentalité.
-
Une tentative inconsciente de redevenir femme dans un corps devenu fonctionnel.
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Parfois, une rupture avec une histoire familiale, où le féminin se sacrifie après la maternité.
Dans ce contexte, le passage à l’acte (émotionnel ou physique) devient une tentative inconsciente de reconquête de soi, de son corps, de son identité féminine, parfois même une rupture avec une histoire familiale sacrificielle.
L’approche intégrative proposée ici dans cet article articule :
-
Une lecture systémique du couple.
-
Une analyse anthropologique du tabou du désir maternel.
-
Une exploration transgénérationnelle des loyautés invisibles.
-
Un travail corporel et sensoriel pour restaurer la subjectivité féminine.
Alors non, il ne s’agit pas de justifier, ni de banaliser. Il est également importe de souligner les limites de cette lecture :
-
Le risque de victimisation unilatérale des femmes, en niant leur responsabilité subjective dans la gestion de leur désir.
-
Le danger d’oublier la souffrance réelle du partenaire, souvent relégué au rôle de spectateur passif alors qu’il est un acteur du système.
De plus, les données quantitatives sur l’infidélité post-partum restent rares, surtout dans les parentalités queer et dans les contextes non occidentaux.
Enfin, toute infidélité ne doit pas être systématiquement interprétée comme un héritage familial ou un symptôme systémique : certains passages à l’acte relèvent de choix plus individualisés.
Dans cette perspective, le thérapeute devient alors gardien du lien et du sujet, aidant chaque femme à redevenir sujet dans son corps, dans son histoire et dans son couple et chaque partenaire à retrouver sa place dans un système rééquilibré.
Accompagner l’infidélité post-partum, c’est accompagner une renaissance relationnelle, où le couple devient, non plus un refuge parental, mais un espace de vie, de désir et de conscience partagée.
Tu traverses une période floue après l’arrivée de ton enfant ? En séance individuelle ou en thérapie de couple, je t’accompagne pour :
-
Réhabiter ton corps après la maternité.
-
Retrouver un espace conjugal vivant.
-
Briser le tabou du désir maternel.
-
Et réinventer ton lien, à toi et à l’autre.
Réserve une séance de 45 min ou viens vivre une séance de 2h dans l’un des deux parcours que je te propose pour aller explorer, libérer, transmuter.
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Être mère et femme à la fois, ce n’est ni une transgression, ni un luxe.
C’est un droit intime, une liberté à retrouver, dans ton corps, ton lien et ton désir.
Bibliographie
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