Grandir avec des parents narcissiques : l’effondrement silencieux de soi ou comment devenir le bouc émissaire de nos parents
Guérir des blessures laissées par une enfance sous emprise narcissique. Redevenir auteur de votre vie, libre, vivant.e et aligné.e.
Avez-vous grandi dans un climat où l’amour était conditionnel, imprévisible, humiliant ? Vous sentez-vous encore aujourd'hui en quête de reconnaissance, d’approbation ou terrifié.e par l’intimité véritable ?
Il est possible de réparer ce lien abîmé et d’écrire une nouvelle histoire intérieure. Découvrez comment grandir avec des parents narcissiques impacte la construction de soi et comment entamer un chemin de reconstruction intérieure profonde.
Un article inspirant et thérapeutique pour libérer votre enfant intérieur et enfin devenir soi.
L'histoire d'Anna
Anna entre dans mon cabinet d’un pas silencieux et, à peine assise, me dit tout de go : "Je ne sais pas vraiment pourquoi je viens. Peut-être... pour comprendre pourquoi je me sens vide, même quand tout va bien." Elle esquisse un sourire triste, comme si elle avait honte de ressentir ce vide.
Au fil de nos échanges, elle égraine son histoire sans être véritablement consciente de l'impact que cela a sur sa vie actuelle, notamment sa vie de couple : son histoire c'est une mère mal dans sa peau, probablement avec en plus des traits borderline et paranoïde et un père charismatique et dominateur, alternant flatterie gratifiante et humiliation sidérante.
Anna évoque n’avoir pas véritablement connu d’espace de sécurité affective. Elle a grandi en apprenant à se modeler au gré des attentes, sans vraiment avoir la permission d’être simplement elle-même.
Marie-France Hirigoyen, dans ses travaux sur le harcèlement émotionnel, décrit très bien cette dynamique invisible : l’enfant devient une extension narcissique de ses parents, un objet au service de leur image, de leur pouvoir, de leurs blessures non guéries.
Par ailleurs, à travers ses relations amoureuses, ses choix professionnels et même sa parentalité, Anna continue de porter les stigmates de cette enfance volée.
C'est au cœur même de ce désert émotionnel que l'on démarre le travail thérapeutique ...

Grandir avec des parents narcissiques : l’effondrement silencieux du soi
Grandir avec un (ou encore mieux : deux parents narcissiques) signifie évoluer dans un territoire sans base d'amour véritable. Dès les premiers instants, l’enfant devient un objet narcissique, destiné à combler les besoins d’image, de reconnaissance ou de domination de son / ses parents. L'un ou les parents utilisent alors l'enfant comme une extension narcissique, un dénigrement ou encore une manipulation affective.
Pour le dire autrement, l'amour n'est pas simplement instable, comme dans la dynamique d'un parent aux traits borderline : l'amour est conditionné, marchandé, calculé. L’enfant n'est aimé ni pour ce qu’il est, ni même pour ce qu’il ressent, mais uniquement pour ce qu’il représente ou ce qu’il fournit au système parental.
En outre, les figures parentales narcissiques voient leur enfant non comme un être distinct, mais comme un prolongement de leur image idéale ou encore comme le support vivant de leur pouvoir personnel. A ce sujet, Paul-Claude Racamier parlait d'ailleurs d'un "empêchement pour l'enfant de se subjectiver" : l’enfant ne peut ainsi jamais être reconnu comme un être séparé, unique, à part entière.
Dans les familles marquées par la perversion narcissique, l’enfant devient alors la victime silencieuse d’une stratégie d’appropriation affective totale.
Marie-France Hirigoyen (Le harcèlement moral, 1998) va même encore plus loin : dans ces systèmes familiaux, l’enfant est assigné à une fonction. Sa fonction est binaire : soit celle de briller pour valoriser les parents (pression à la perfection avec le driver du "sois parfait"), soit d'échouer pour être écrasé et renforcer leur sentiment de supériorité ("non mais tu te prends pour qui ?").
Par ailleurs, cette instrumentalisation de l’enfant ne laisse aucune place pour un développement authentique.
Très tôt, l'enfant apprend que son intériorité n'a aucune valeur intrinsèque. Que pour être regardé, il doit performer, séduire ou se soumettre. Privé de tout miroir empathique stable, l'enfant est contraint de construire un faux self, c'est-à-dire un masque relationnel façonné pour répondre aux attentes des figures parentales.
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Il apprend à se taire lorsqu'il souffre.
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À se suradapter pour plaire.
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À mentir à lui-même pour survivre.
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Au-delà, il ne développe pas un véritable sentiment d'exister en tant qu'être distinct. Il se vit comme un produit, une vitrine, un outil au service de l'autre.
Cet effondrement du soi est silencieux. Il ne produit pas de symptômes visibles à l’enfance, mais elle engendre, à l’âge adulte, de redoutables ravages comme un vide existentiel et une incapacité à se sentir vivant sans validation extérieure. En outre, et comme le souligne Alice Miller (Le drame de l’enfant doué, 1979), ces enfants, devenus adultes, portent un masque d’adaptation si convaincant qu'ils peuvent passer des années sans comprendre qu'ils vivent en état de dissociation affective permanente.

L'impact à l'âge adulte : comment ces blessures se rejouent
En grandissant dans ce contexte, plusieurs blessures majeures apparaissent :
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Effacer son individualité avec effondrement identitaire latent : difficulté à savoir qui l'on est vraiment.
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Honte chronique, sentiment de vide intérieur, de non-légitimité existentielle. : sentiment d’être fondamentalement défectueux.
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Hyperadaptation sociale, difficulté à poser des limites, auto-sabotage relationnel et professionnel
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Hypersensibilité au rejet : chaque distance affective devient menaçante.
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Adaptation de ses émotions aux attentes des parents pour survivre.
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Faux self protecteur massif pour répondre aux attentes extérieures : masque social étouffant et vide intérieur.
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Difficultés relationnelles et parentales : peur d’être envahi ou abandonné.
Tout ceci n'est pas un manque de force intérieure mais l’empreinte d’une architecture affective jamais sécurisée.
Dans la vie adulte, ces blessures se rejouent souvent inconsciemment :
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En amour : attirance pour des partenaires toxiques, peur de la véritable intimité.
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Au travail : suradaptation extrême ou invisibilité choisie.
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Dans la parentalité : surprotection ou terreur de l’échec.
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Dans la relation à soi : vide existentiel et anesthésie émotionnelle.
Néanmoins, en reconnaissant ces schémas, il devient possible de s'en libérer et de cesser de porter seul.e la faute d’une enfance déformée.
Nota :
Dans une lecture systémique, l'enfant devient le symptôme d'un dysfonctionnement parental où son existence même est conditionnée par l'assouvissement des besoins narcissiques de ses parents. En tant que psychologue sociale, c'est aussi une dimension essentielle qui est explorée dans mes accompagnements.

Résonances dans le couple et la sexualité
Lorsque l’on a grandi dans l’instrumentalisation affective de parents narcissiques, le couple devient, à l’âge adulte, un terrain miné :
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Difficulté massive à se sentir légitime dans le lien,
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Peur inconsciente d’être manipulé.e, utilisé.e,
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Oscillation entre auto-effacement extrême et besoin de reconnaissance insatiable.
Dans la sexualité, cette histoire se traduit souvent par une :
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Sexualité performative : chercher à "réussir" l'acte sexuel plutôt qu'à le vivre.
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Dissociation émotionnelle : être présent.e physiquement, absent.e intérieurement.
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Peur d'être "pris.e" ou "envahi.e" par l’autre, empêchant toute véritable détente corporelle.
En outre, certains adultes peuvent osciller entre hypersexualité mécanique (comme tentative de valider leur valeur) et retrait sexuel protecteur (par peur d'être objectifié.e).
Vous l'aurez compris, guérir de cette empreinte nécessite de réapprivoiser son propre désir : non comme une monnaie d’échange affective, mais comme l’expression vivante de soi, sans masque ni devoir de plaire.
Retrouver une sexualité libre, c’est redevenir sujet de son plaisir et se détacher de ce que produit le regard d’autrui sur soi. Tout un chemin...

La voie de la guérison : du néant au vivant
Guérir d’une enfance marquée par la perversion narcissique parentale n'est pas un processus linéaire ni immédiat. Néanmoins, c’est un chemin profondément possible et même une invitation secrète à retrouver un lien sacré à soi. En tout cas, c'est dans ce sens-là que j'accompagne ceux qui viennent me voir en consultation.
Il ne s’agit pas d’oublier le passé ni de le "relativiser" ; il s'agit de le transformer intérieurement pour ne plus le rejouer dans ses relations, son travail, sa parentalité, son rapport au monde.
Cela passe notamment par :
- Nommer l’indicible
La première étape est souvent de pouvoir mettre des mots là où il n’y avait que malaise, honte, confusion.
Marie-France Hirigoyen l’a montré : le pouvoir des relations perverses réside dans l’invisibilité du mal. Nommer, c’est déjà briser l’isolement intérieur, c’est rendre à l’expérience son sens, et non plus en porter seul la culpabilité.
- Se reconstruire une base sécure intérieure
L’absence de figures parentales sécurisantes rend indispensable de construire en soi, pas à pas, un nouvel espace refuge. Cela passe notamment par :
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La reconnaissance inconditionnelle de ses besoins émotionnels,
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L’accueil de ses émotions sans jugement,
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L’ancrage dans le corps à travers la respiration, le mouvement, la conscience sensorielle.
La sécurité ne vient plus de l’extérieur, mais s’éveille au dedans, progressivement, solidement.
- Renouer avec son enfant intérieur
Il ne suffit pas de soigner l’adulte. Il est essentiel d'aller retrouver l’enfant exilé.
Dans mon approche, cette reconnexion se fait notamment par :
- Le travail de l’enfant intérieur blessé et de l’ombre,
- La respiration holotropique pour explorer les mémoires profondes,
- Les rituels symboliques pour marquer les passages intérieurs,
- La restauration corporelle et émotionnelle.
Plus globalement, il s'agit non seulement de pleurer ce qui a manqué, mais aussi de célébrer la vitalité préservée, de nourrir ce qui était en dormance depuis toutes ces années et de laisser naître de nouveaux élans d'être.
- Devenir son propre port d’attache
La guérison profonde pour devenir enfin soi consiste à devenir le parent intérieur que l’on n’a jamais eu :
- Un parent qui accueille sans condition.
- Un parent qui soutient les élans créateurs.
- Un parent qui pose des limites justes.
Devenir ce port d'attache pour soi-même, c’est rendre leur juste place aux relations : plus des nécessités vitales mais des choix d'âme. C'est long, très long même mais ça vaut le coup.
Plus globalement, au-delà du néant relationnel originel, au-delà de l’effacement de soi imposé par la ou les figures parentales (que ce soit pour briller ou pour être écrasé), il est possible de redevenir vivant, vibrant, entier. Guérir d’une enfance narcissique, c’est non seulement restaurer son être, mais aussi ouvrir la voie à une vie plus libre, plus incarnée, plus profondément alignée.

Conclusion
Grandir avec des parents narcissiques laisse des cicatrices invisibles mais profondes. Cela imprime dans la chair et dans l'âme une angoisse ancienne :
- celle de devoir disparaître pour être aimé.e,
- celle de ne jamais pouvoir se reposer, ni en soi, ni en l’autre.
Mais grandir avec des parents narcissiques n’est pas une condamnation à perpétuité. Fort heureusement. Je dirais plutôt que c'est une invitation, parfois douloureuse, à devenir l’Être que l'on aurait dû être.
C’est cette source qu’Anna, au fil de sa traversée, a commencé à retrouver : non en cherchant un autre sauveur, non en effaçant son histoire, mais en devenant, pour elle-même, le refuge qu’elle n’avait jamais eu.
Se choisir, ce n'est pas renier ses blessures. Ce n’est pas nier le manque, ni minimiser la douleur. Se choisir, c’est oser :
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Honorer ce qui a été traversé,
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Réparer ce qui peut l’être,
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Et surtout, s’offrir ce qui a tant manqué :
la reconnaissance, l’amour, l’appartenance,
en commençant par soi.
En se choisissant enfin, en s’offrant amour, reconnaissance et respect, il devient possible de tisser une vie plus libre, plus consciente, plus vibrante. Je dis souvent à mes clients :
Vous n’êtes pas vos blessures.
Vous êtes la lumière capable de traverser toutes les nuits.
Guérir d’une enfance narcissique, ce n’est pas seulement retrouver la paix intérieure. C’est retrouver son pouvoir d’aimer, de créer, d’habiter pleinement sa vie. Par-delà l’héritage blessé, il devient alors possible :
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De tisser des liens authentiques, sans se perdre,
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De poser des limites saines, sans culpabilité,
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De vivre sa mission d’âme, sans chercher l’approbation extérieure.
Si ces mots résonnent en vous et si vous ressentez l'appel de retrouver votre axe intérieur, je vous invite à :
→ Découvrir l’accompagnement thérapeutique personnalisé : https://www.neosoi.fr/programme-voyage-au-coeur-de-soi
→ Découvrir l’accompagnement plus ciblé dans le cadre d'une problématique de couple et/ ou en sexo : https://www.neosoi.fr/sexotherapie-bordeaux-en-ligne
NeoSoi - Dr Céline BERCION - psychologue sociale et systémique, thérapie de couple et sexothérapie - initiatrice des grandes traversées de vie
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